7 à la maison
Séries & TV / Critique - écrit par Lestat, le 23/09/2003 (Tags : maison saison camden famille pinterest series lucy
Depuis maintenant quelques années, TF1 nous abreuve des (més)aventures quotidiennes d'une famille pas comme les autres. Une famille en or, une famille à toute épreuve, j'ai nommé : la famille Cambden.
Les Cambden vivent dans une de ces petites villes aux rues bien droites et aux carrés de pétunias impeccables, bourgade typiquement américaine, toute proprette et bien comme il faut. Comme l'indique le titre, 7 à la maison ce sont cinq puis sept enfants que dut porter successivement la pauvre madame Cambden. A noter que les scénaristes, astucieux, la firent tomber en ménopause quelques épisodes après la dernière double naissance, tuant dans l'oeuf mes espoirs les plus fous, à savoir la création d'une fraternelle équipe de foot...
Une famille nombreuse aux individus atypiques que je ne peux m'empêcher de vous présenter :
- Le papa s'appelle Eric. Il est Pasteur et prêche toujours au plus juste, n'hésitant pas à inclure certains 'mea culpa'. Toujours de bons conseils, parfois moralisateur, il donne souvent l'impression d'être dépassé par les tourbillons de sa propre famille. Un homme qui n'aspire qu'au repos apparemment.
- La maman s'appelle Annie. Elle est mère au foyer, élève les enfants, prépare le repas et attend que papa revienne à la maison. Elle a l'air tout aussi larguée que son mari, ce qui ne l'empêche pas d'être une bonne mère. Et avec sept enfants, c'est une responsabilité ardue qu'il faut tout de même saluer.
- Le grand frère, Matt, est un étudiant qui après son mariage précipité avec une juive a tout bonnement disparu de la série.
- La grande soeur, Mary, est une rebelle : dans un épisode, nous la voyons boire de la bière en cachette et elle ment à ses parents. Elle a fait quelques fugues également. Ses amours ont été nombreux et courts. Elle a semblé se stabiliser avec un certain Robbie avant l'inévitable rupture avec ce dernier. Elle s'est également volatilisée depuis, Jessica Biel semblant préférer le grand écran.
- Tiens puisqu'on parlait de Robbie... Avant tout, mettons fin au doute qui plane immanquablement sur un tel prénom. Robbie n'a rien à voir avec Robbie le Robot de la Planète Interdite. Remarquez, ça aurait été drôle. Bon bref. Robbie le Robot a donc vécu une petite histoire avec Marie puis avec Lucy puis avec une blonde lambda. Se retrouvant à la rue, il a été plus ou moins adopté par les Cambden avant de repartir voler de ses propres ailes une fois sa situation stabilisée. Il devint une sorte de frère adoptif qui donna lieu à quelques tensions au sein de la série.
- Le petit frère, Simon, qui deviendra peu après le frère intermédiaire, a aussi été un rebelle une fois ses premiers poils venus : il s'habillait en rappeur, faisait des gestes obscènes à ses copains et se faisait payer pour embrasser les filles. Maintenant ça va mieux : il porte une boucle d'oreille discrète, s'est trouvé une blondinette et ne joue plus au gigolo depuis qu'on lui a dit que c'était mal. Ouf.
- La soeur intermédiaire, Lucy, est une foldingue qui malgré tout étudie sérieusement et veut devenir Pasteur, comme son père. Elle s'est récemment mariée à un gentil policier...
- ... qui s'appelle Kevin. Kevin est l'un des représentants de l'ordre du patelin. On ne peut pas dire qu'il ait grand chose à faire. En gros, quand il fait beau, il fait des rondes et quand il pleut, il fait des rapports. On peut déclarer sans trop se mouiller qu'il représente le bon visage de l'autorité en campant un flic sympa et compréhensif.
- Mettons à part la petite soeur et les deux jumeaux, n'ayant pour l'instant qu'un intérêt affectif et sentimental.
- Et je n'oublie pas Happy, le chien, qui est... un chien.
Bien, toute la smala étant présentée, passons à la série en elle-même.
Tolérance, bons sentiments, vérités avouées, excuses collectives, omniprésence de la religion... 7 à la maison est une série qui dégouline de bonnes valeurs qu'elle transmet à un public plus ou moins récalcitrant. Les mensonges ne sont faits que pour être avoués, les amourettes doivent invariablement finir par un mariage (à l'exception de Matt qui a fait cela en sens inverse : il voulait se marier et n'a trouvé la fille qu'après coup... c'est un peu compliqué, je sais), on va à l'église bien habillé et quand le Pasteur est malade, laissant vacante sa chaire, un praticien d'une autre religion peut parfaitement assurer l'Intérim...
Ne manque que les bisounours dans ce pays des rêves bleus made in USA. Et oui, 7 à la maison, c'est un traité de bonnes manières et de patriotisme condensé le temps d'un épisode. Il ne manque que la bannière étoilée qui flotte sur le porche (qui a dit "comme dans Smallville" ? ). Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, tout le monde s'entraide, tout le monde se Zzzz zzz... ?... ah pardon j'ai eu une absence.
L'envie de démonter cette série, de m'épandre sur sa crétinerie ne me manque pas. Toutefois, il y a dilemme : 7 à la maison fait un tabac outre-Atlantique... Alors une fois n'est pas coutume, arrêtons la mauvaise langue. 7 à la maison est clairement destiné à un public américain en manque de repères ou en recherche d'une émission éducatrice pour leurs enfants, voire pour eux-mêmes. Dans ce contexte, c'est sans doute l'une des meilleures séries familiales du moment : non violente, porteuse de messages fédérateurs et mettant en scène des personnages finalement sympathiques et parfois crédibles. Oui, vue comme cela, 7 à la maison est une excellente série. Si.
Donc qu'en dire ? Nous avons Nadine de Rothschield, les Americains ont la famille Cambden. Chacun son style après tout. Au pire, interrogeons-nous sur l'intérêt d'une telle série sur les écrans de l'hexagone. Car pour moi, petit Français, elle est tout à fait dispensable...