5.5/10Angels in America

/ Critique - écrit par weirdkorn, le 23/12/2004
Notre verdict : 5.5/10 - Un ange bien amer (Fiche technique)

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La chaîne américaine HBO a pris l'habitude de lancer des séries innovantes (Band of Brothers), voire dérangeantes (Oz) et en a fait de même en cette année 2004 avec Angels in America. Cette mini-série, composée de 6 épisodes de 50 à 60 minutes, vient en effet d'être saluée par la critique et a été récompensée par cinq Grammy Awards ainsi qu'onze Emmy Awards. Voilà un palmarès impressionnant mais qui l'est moins au vu de la série. En effet, Angels in America est conçu pour être primé. Le sujet, traitant de nombreux problèmes sociaux américains dont principalement l'homosexualité, a une énorme intensité dramatique et est desservi par de grands acteurs n'ayant plus rien à prouver et jouant à fond sur cette intensité.

L'histoire est basée sur quatre hommes homosexuels vivant à New York au milieu des années 80. Le SIDA commence à se répandre largement, surtout dans la communauté gay. Ainsi Prior est touché par cette maladie, ce que Louis, son concubin, ne peut supporter. Ce dernier est le collègue de Joe, un mormon marié et réfrénant toutes ses pulsions homosexuelles. Il travaille pour Roy, un grand avocat conservateur également homosexuel et lui-même infecté par le virus.
Ainsi, je vous laisse imaginer les jeux de rencontre et de relations qui vont se tisser entre tous ces personnages auxquelles viennent s'ajouter infirmiers ou visions. Oui, vous avez bien lu, les personnages n'ont pas forcément toutes leurs têtes et s'imaginent toutes sortes de choses.

La série se démarque alors de beaucoup d'autres et possède une originalité indéniable. En contrepartie, voir apparaître des fantômes ou des anges dans un univers réel et se voulant réaliste déstabilise et n'apporte peut être pas toute la puissance symbolique ou dramatique sensée créer. Angels in America oscille comme pour cet exemple des apparitions entre le bon et le mauvais. D'abord, la réalisation de Mike Nichols est impeccable et maîtrisé dans tous ses détails. Le sujet est original et réussi à prendre, porté par le talent des comédiens les moins connus et par un scénario maîtrisé bien qu'un peu alambiqué. En effet, on réussit à s'attacher à certains personnages et on a envie de suivre et de connaître le dénouement de leurs aventures. Par contre, les rôles joués par les acteurs les plus célèbres (Al Pacino, Meryl Streep, Emma Thompson) peinent à convaincre. Ils sont loin de mal jouer mais en font de trop. C'est d'ailleurs le principal reproche que l'on peut formuler à Angels in America. Tout est démesurément porté sur la dramaturgie, le jeu excessif de certains acteurs ainsi que sur les nombreux problèmes abordés. Entre le racisme, l'homosexualité, la religion ou la politique, traités lors de longs monologues par des acteurs au visage déformé, la série déborde de toute part de son envie d'en faire le plus possible et d'en mettre plein la vue. Les différents rôles attribués aux mêmes acteurs en rajoutent une couche à ce niveau. Ainsi, la série est très intense mais traîne un peu au vu de la longueur des scènes. Il n'empêche qu'il faut croire que cela a marché au vu de toutes les récompenses reçues.

Au final, Angels in America séduit et déçoit en même temps. A force de trop en faire dans le drame, la série commence à perdre son ton réaliste et grave pour se décrédibiliser d'elle-même. Il n'en reste pas moins un résultat captivant, maîtrisé et critique envers l'Amérique. Mais pourquoi en faire autant ?