9/10Columbo

/ Critique - écrit par Filipe, le 19/07/2002
Notre verdict : 9/10 - Quand je dirai ça à ma femme ! (Fiche technique)

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Quand je dirai ça à ma femme !

Peter Falk, son interprète, est né en 1927. De père italien et de mère hongroise, il perd son oeil droit à trois ans. Il suit des études supérieures de sciences politiques et de droit administratif après avoir fait son service au sein de la marine marchande. Peter Falk devient comptable dans le bureau du budget de l'Etat du Connecticut, mais très vite lassé, il lorgne sur le théâtre dramatique et le cinéma. Il devient acteur professionnel en 1955.

Peter Falk est apparu dans diverses séries télévisées, telles Naked City en 1958, 1961 et 1962, Les Incorruptibles en 1960 et 1961 et La Quatrième Dimension en 1961. Il apparaîtra encore dans Gratitude et Bonfire, deux épisodes de la célèbre émission britannique Alfred Hitchcock Presents.

Outre les quelques 70 épisodes de la série qui fit réellement connaître Peter Falk au-delà des frontières américaines, Columbo, celui-ci apparut dans une cinquantaine d'autres films parmi lesquels La Forêt Interdite (de Nicholas Ray, 1958), Les Plaisirs de Pénélope (d'Arthur Hiller, 1966), Les Intouchables (de Giuliano Montaldo, 1970), Têtes vides cherchent coffre plein (de William Friedkin, 1978), Princess Bride (de Rob Reiner, 1987), The Player (de Robert Altman, 1992) et Storm in Summer (de Robert Wise, 2000).

Il a interprété en 1965-66 le rôle de Daniel J. O'Brien dans les 22 épisodes d'une autre série policière moins célèbre mais tout de même assez populaire outre-Atlantique, produite par Alan Simmons et qui avait donné sa chance à des acteurs tels que Roger Moore, Gene Hackman ou Martin Sheen. La série s'appelait The Trials of O'Brien.

Le lieutenant Columbo. Comment peindre le portrait d'un personnage aussi talentueux, vigilant, soucieux du moindre détail et sans cesse absorbé par son travail d'enquêteur ? Un personnage un peu gaffeur mais tellement charismatique, qui en devient presque séduisant, et dont la façon d'être prête tout naturellement à sourire. Columbo, dont le prénom restera éternellement Lieutenant, fait ainsi partie de ces héros télévisés qui nous touchent, qui nous attendrissent mais qui surtout n'ont de cesse de nous impressionner. Car Columbo est Officier de Police et chaque fois qu'il apparaît sur le lieu d'un crime, vêtu de son éternel imperméable qui ressemble davantage à un déguisement de clochard faisant office de couverture, c'est avec une seule idée en tête : retrouver le ou les meurtriers.

Columbo et son imperméable de super-héros. Un costume qui tiendrait semble-t-il son origine d'une erreur, Peter Falk lui-même l'ayant acheté dans une rue de New York pour se présenter au casting. Le comédien était persuadé que le script qu'il avait lu précisait que Columbo devait porter un imperméable, alors que les deux auteurs Link et Levinson avaient clairement fait état d'un pardessus. L'idée de l'imperméable fut conservée. Et Columbo utilisa le même jusqu'en 1979 avant le tournage de nouveaux épisodes à partir de 1988, pour lesquels fut employé un autre imperméable neuf mais artificiellement vieilli.

Columbo et la Columbo-mobile. Une Peugeot 403 grise cabriolet modèle 1960 à quatre vitesses, d'abord immatriculée 044 APD puis 448 DBZ à partir de 1988, que Peter Falk mit un certain temps à choisir. Il n'était pas convaincu de son utilité mais la modestie de son apparence et son endurance, jugées à l'image de son propriétaire, devinrent au fil des épisodes un véritable symbole. Sans elle, nous n'aurions eu droit à ces quelques scènes humoristiques mémorables d'accrochages et de démarrages difficiles.

Columbo et ses proches. Sa femme d'abord, qui est un personnage au statut très particulier puisqu'il n'apparaît jamais à l'écran. Columbo s'adresse souvent à elle par téléphone et Columbo en parle fréquemment : "Quand je dirai ça à ma femme"... Mais il ne nous a jamais donné l'opportunité d'en savoir plus que ces quelques bribes de détails qu'il laisse échapper, parfois. Et c'est ce qui fait tout le charme de Madame Columbo.

L'autre proche du Lieutenant est un animal : un chien qu'il a rencontré à la fourrière et qu'il a décidé d'adopter. Baptisé un peu à la va-vite "le chien", ce basset léthargique, aussi laid qu'adorable, n'apparaît pas dans les premiers épisodes : son arrivée a été commandée par la chaîne NBC qui souhaitait développer davantage l'entourage du policier.

Les quelques 68 épisodes tournés à ce jour. Quelques points communs les rapprochent. D'abord, les meurtriers font tous partie de la haute société : ils sont intelligents et souvent célèbres. Ainsi Columbo ne porte jamais d'arme car ses suspects ne sont jamais des meurtriers dans l'âme. Ensuite, les épisodes sont toujours fondamentalement construits de la même manière : un meurtre, prémédité ou non, plus ou moins réfléchi, puis une enquête dans laquelle Columbo s'attachera à faire craquer la personne qu'il juge instinctivement coupable dès les premiers instants. Plus d'une fois sur deux, l'arme du crime est un pistolet mais il n'est jamais utilisé d'arme blanche. L'existence d'un secret compromettant ou d'intérêts financiers non négligeables sont souvent les mobiles mais on pourrait citer aussi l'infidélité, l'honneur ou la vengeance. Les complices deviennent souvent de nouvelles victimes du meurtrier.

Et en attendant, Columbo retrouve toujours le meurtrier. Un point, c'est tout.
Les épisodes furent tournés de 1967 (premier épisode intitulé Inculpé de Meurtre) à 1978 puis de 1989 (avec Il y a Toujours un Truc) à 1999. Columbo a permis à Jamie Lee Curtis (Les Surdoués en 1977), Katie Sagal (Candidat au Crime en 1973), Jeff Goldblum (Immunité Diplomatique en 1975) et Marc Singer (Double Choc en 1973) de lancer leurs carrières. Nombreuses sont les stars d'autres séries télévisées qui souhaitèrent prendre part au tournage de ne serait-ce qu'un épisode : citons Patrick Bauchau du Caméléon, dans Portrait d'un Assassin (1989), Patrick Macnee de Chapeau Melon et Bottes de Cuir dans Eaux Troubles (1975), Richard Anderson, L'Homme qui valait trois milliards, dans Attente (1971) et William Shatner de Hooker et Star Trek, dans Deux en un (1976) et Face à Face (1994).

Bon nombre de scénaristes composèrent pour Columbo : beaucoup n'écrivèrent qu'un épisode : Peter Falk lui-même par exemple, à qui l'on doit Le Meurtre aux deux visages. Les plus inspirés furent Jackson Gillis, Peter S. Fischer, Steven Bochco, Dean Hargrove ainsi que William Link et Richard Levinson, évidemment, les deux créateurs de la série. Pour ce qui est des réalisateurs, ils furent également nombreux : retenons que Steven Spielberg, Patrick McGoohan (le héros du Prisonnier) et Peter Falk lui-même encore une fois, se sont retrouvés au moins une fois derrière la caméra.

Columbo est une série à succès, intelligente et raffinée. Chacun des épisodes est à savourer. Chacune des répliques du policier est mémorable. Chacun de ses gestes est devenu un grand classique des oeuvres policières. Peter Falk est un très grand acteur, dont l'importance de la filmographie reste malheureusement méconnue hors des Etats-Unis. Il peut se vanter de ses 4 Emmy Awards de Meilleur Acteur Principal. Levinson et Link furent également récompensés pour le scénario de Faux Témoin, Patrick McGoohan fut nommé Meilleur Second Rôle pour ses apparitions dans Entre le crépuscule et l'aube et Votez pour moi... La série Columbo regroupe vraisemblablement tout ce qui a été fait de mieux pour la télévision jusqu'à aujourd'hui en matière d'intrigues policières.