5.5/10David Nolande

/ Critique - écrit par JC, le 14/12/2006
Notre verdict : 5.5/10 - Fantastique ? Pas plus que ça... (Fiche technique)

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Fallait bien que ça arrive, France 2 ne pouvait pas laisser le monopole de la série française paranormale à TF1 et Joséphine, ange gardien.

Fallait bien que ça arrive, France 2 ne pouvait pas laisser le monopole de la série française paranormale à TF1 et Joséphine, ange gardien. La chaîne publique a donc réagi en s'associant à GMT Productions pour mettre au point David Nolande, une mini-série de six épisodes dans laquelle le héros interprété par Frédéric Diefenthal rêve de gens qui vont mourir.

Je vois des gens qui seront bientôt morts

(© France 2)
(© France 2)
Décidemment, Frédéric Diefenthal a un projet de carrière cohérent. En parcourant sa filmographie, il semble qu'il veuille devenir le meilleur interprète de mauvais conducteurs. Après le flic neuneu de la tétralogie Taxi, le comédien se glisse dans la peau du publicitaire David Nolande, lequel percute accidentellement une caravane et tue une cartomancienne après un pot arrosé entre collègues bobos.

C'est typiquement le genre de truc qui vous attire des ennuis, tuer quelqu'un. Justement il en a, et des gratinés. Ainsi, un gitan au visage minéral lui jette un sort en ces termes : "il te faudra sauver beaucoup de vies pour une seule que tu as détruite. Si tu échoues, tu verras périr l'un des tiens". Si au départ il prend cela pour des paroles en l'air, c'est qu'il n'a jamais vu Les Démons de Jésus ou Snatch, tu braques ou tu raques : on ne blague pas avec les gitans. A partir de là, le sommeil de David Nolande se ponctue de cauchemars prémonitoires funestes.

Aux frontières du réel, tu resteras bloqué à la douane

(© France 2)
(© France 2)
Avant tout allait bien, la France se contentait de copier les concepts policiers américains pour livrer du bas de gamme comme RIS police scientifique. Mais depuis cette rentrée, France 2 a décidé de se souvenir des mots de Danton : "de l'audace, encore de l'audace et toujours de l'audace !", en oubliant que le pauvre homme est mort guillotiné. Car série paranormale made in pays du fromage, ça sonne bizarre. Ca fait presque peur. En balayant le spectre de la fiction tv fantastique au sens large, on pense tout de suite à des bijoux de X-Files à Twin Peaks. Du gros, en somme. Comment s'en sortir face à des modèles devenus des canons du genre ? Les défauts ne vont-ils pas transpercer l'écran ? Bah si. Des défauts, David Nolande en regorge, tellement qu'au départ, c'est "fracture nette de l'oeil droit". La série, aux gros moyens, a décidé de se la jouer tape-à-l'oeil avec des gros plans qui tentent de rendre angoissants des gouttes de café ou des purificateurs d'air et des flash-backs vertigineux au ralenti ou en accéléré en pagaille qui rappellent les pires reconstitutions de l'émission Mystères (oui, la pomme volante et les murs qui saignent, souvenez-vous). Une mise en scène too much doublée d'une utilisation mystique et caricaturale de la communauté des gens du voyage.

Pourtant difficile de vouer la série aux gémonies. En dépit d'une réalisation à la limite du pastiche, David Nolande arrive à distiller un suspense surprenant et à dénouer habilement un fil conducteur rebattu. Trogne creusée par la caféine et le manque de sommeil, Frédéric Diefenthal, honnête, parvient à rendre l'état de détresse de son personnage empathique. Les autres comédiens sont également assez justes à l'exception peut-être d'Edouard Montoute en copain pénible.

Pas trop mal jouée, pas trop mal écrite mais avec une mise en scène qui succombe au péché d'orgueil, David Nolande est une série à demi-ratée, et donc à demi-réussie.