8.5/10Dr Quinn, femme médecin - Saisons 1 et 2 - Pionnière des séries modernes

/ Critique - écrit par Islara, le 03/11/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Une série pionnière à bien des égards (Fiche technique)

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Dr Quinn, femme médecin a, au premier abord, tout d'une série mièvre et téléphonée, manichéenne au possible avec une morale à deux balles. Rien n'est plus faux, et c'est en réalité tout l'inverse.

Sortie dans les années 1990, et donc à la charnière des séries anciennes et modernes, Dr Quinn a ainsi toutes les qualités de nos séries d'aujourd'hui et qui font tout leur succès :

Dr Quinn, femme médecin - Saisons 1 et 2 - Pionnière des séries modernes
Et oui, c'est bien Joseph Gordon-Levitt- une diversité et une richesse des thèmes abordés : il n'y pas que le début du féminisme et de la reconnaissance des droits des femmes qui sont traités dans Dr Quinn ; on y trouve aussi l'histoire de la naissance de la médecine moderne, les débuts du syndicalisme, l'horreur de la guerre, la cause indienne avec les fourberies et cruautés des militaires et du gouvernement américains (entre autres, la célèbre et funeste technique des couvertures contaminées par le typhus), la discrimination raciale et la mise en place du Ku Klux Klan dans les Etats Américains, la justice dans l'Ouest, l'addiction au jeu (via le poker), l'éducation des enfants, la question des châtiments corporels... Bref c'est toute une panoplie de psychologie et d'Histoire que l'on nous offre et nombreux seront ceux qui pourront y trouver un thème qu'ils affectionnent (amateurs de Far West, de la cause indienne, féministes, amateurs d'Histoire etc.) ;

Dr Quinn, femme médecin - Saisons 1 et 2 - Pionnière des séries modernes
Le ténébreux Hank
- la manière dont sont traités tous ces sujets est plutôt subtile et loin d'être manichéenne ; à titre d'exemple, si la question indienne est ouvertement traitée en faveur de ceux-ci (mais peut-on en blâmer la série au regard des faits historiques, des traités unilatéralement remis en cause par le gouvernement américain et de ce qui constitue quasiment un génocide ?), nombre d'épisodes illustrent la violence gratuite dont les peuples Amérindiens furent l'objet ou un certain archaïsme de leurs coutumes ;

- un personnage principal non parfait et tombant régulièrement dans les pièges de son tempérament enflammé ; si la belle Michaëla Quinn, justicière au grand coeur dans ce Colorado brutal de la fin du XIXème siècle, a tout pour plaire au spectateur, on la voit régulièrement faillir et se remettre en cause, en particulier dans son rôle de mère, ou dans son rôle d'espionne pour les Indiens qu'elle n'arrive pas toujours à assumer et qui l'amène notamment à faire des faux témoignages ;

- un fil directeur au fur et à mesure des épisodes, chacun d'entre eux disposant néanmoins de son mini-scénario propre, se suffisant à lui-même ; ainsi on peut regarder un épisode de façon indépendante, mais aussi savourer bien mieux toute la série en la regardant en entier et de manière chronologique ;

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La cause indienne à l'honneur
- des personnages secondaires bien travaillés, emblématiques et tout aussi intéressants que le Dr Quinn (la maréchal ferrant noir, le révérend ancien joueur de poker, le barbier ancien enfant battu et abandonné, le guérisseur indien, l'épicier aussi bourru qu'émotif, la prostituée au grand coeur, la journaliste femme battue etc.) ; le spectateur pourra ainsi, comme dans de nombreuses séries aujourd'hui, trouver son personnage préféré ailleurs que dans le duo Quinn/Sully (bien qu'on se délecte de leur histoire d'amour sacrément compliquée). Le traitement de chacun de ces personnages est en prime tout en finesse et on apprécie. Le ténébreux Hank, oscillant en permanence entre bien et mal, est probablement l'un des plus réussis de ce point de vue. Ou, lorsque l'héroïque maréchal ferrant noir considère que sa femme ne doit pas avoir le droit de vote, on ne peut, comme le souligne l'épisode concerné, que s'étonner de le voir adopter l'attitude qui fut celle de ses anciens maîtres... Mais la nature humaine est ainsi faite, et mêmes les victimes de discriminations discriminent elles aussi.

Bref, nul ne doit croire que Dr Quinn serait un étalage de bons sentiments. Il y a une foultitude de thèmes à y découvrir et les épisodes, loin de se conclure par un stupide happy end, finissent la moitié du temps avec plus de questions que de réponses. A voir et revoir par petits et grands.