7.5/10Firefly - Saison 1

/ Critique - écrit par Nicolas, le 16/10/2005
Notre verdict : 7.5/10 - Fly me to the moon (Fiche technique)

Tags : firefly episode saison serenity series add whedon

Fly me to the moon

Joss Whedon a créé Buffy Contre les Vampires (7 saisons), et Joss Whedon a créé Angel (5 saisons). Une jolie carte de visite, surtout quand on sait qu'il a participé en tant que scénariste à divers long-métrages de premier ordre tels Alien : La Résurrection ou X-Men. Pourtant, nous parlerons aujourd'hui d'un de ses échecs commerciaux. Firefly, une série SF un peu atypique, se vautre sur les audiences américaines et s'arrête en plein tournage après seulement 15 épisodes (12 seulement seront diffusées). Sortie en DVD, la série conquiert un nouveau public aboutissant rapidement à une Fan Attitude. Car Firefly, malgré son petit fiasco, n'en a pas moins de grandes qualités qu'il était nécessaire de découvrir, quelques semaines avant la sortie du film...

Après avoir perdu la guerre qui opposait les Indépendants à l'Alliance, l'ex-sergent indépendantiste Malcom Reynolds et sa seconde Zoé Warren ont acheté un vaisseau de type Firefly qu'ils baptisèrent Serenity. Entourés d'un équipage compétent couvrant tous les types d'activité que pourrait nécessiter la bonne marche de l'appareil, ils versent maintenant dans l'illégalité et la contrebande au nez et à la barbe de l'Alliance. Parfois, lorsque le boulot se fait cruellement absent, ils prennent quelques passagers pour faire un peu d'argent sans risque. Seulement ce jour-là, les voyageurs qu'ils prendront avec eux changeront pour toujours la vie de Serenity...

A première vue, Firefly n'a franchement rien d'extraordinaire, et se rapporte aux codes de la science fiction classique impliquant des vaisseaux spatiaux et des contrebandiers. Conséquence directe, on s'attend plus ou moins à se récolter quelques joutes spatiales pleines d'explosions, servies pas un département effets spéciaux pas mal débrouillard mais malheureusement assez limité. Oui, on s'attend à ça, et c'est pour ça que l'on se plante la première fois devant Firefly. Pourtant, et je suis le premier à être surpris, la série n'a rien de ce que l'on pouvait en imaginer. En premier lieu, pas de prétentions esthétiques : la majorité des planètes accostées par le Serenity (le nom du vaisseau) font davantage penser aux films de western du XXème siècle qu'aux civilisations ultra-avancées de Star Wars ou les forêts contemporaines de Stargate. Parti pris, la série souhaite marier pour le meilleur et pour le pire la science-fiction et les codes Western, osant jusqu'à associer quelques véhicules avant-gardistes à de simples canassons et six coups poussiéreux (l'image parlante : les dernières secondes du générique, le Serenity survolant un groupe de chevaux effrayés). Second lieu, un décalage musical : la bande son privilégie les instruments à cordes, grinçants quelques mélodies un peu country d'un très bel effet sur les paysages spatiaux. Troisième et dernier lieu, le plus précieux, les personnages. Firefly nous gagne à sa cause par la qualité d'écriture des dialogues et des personnalités engagés sur le petit vaisseau. La grande majorité des répliques font dans l'humour, le cynisme, ou la bonne vieille vanne de haut vol, s'efforçant de rendre attachants ce groupe de personnages disparates mais pourtant si proches. L'idée fut d'appeler des caractères plutôt typés pour favoriser les échanges de toutes sortes. Pour l'illustration, l'équipage comprend : Une dame de compagnie (une dérivation du concept de la prostitution de luxe, portée par une somptueuse brune du nom de Morena Baccarin), un docteur un peu benêt et sa soeur chirurgicalement modifiée, une mécanicienne extravertie (Jewel Staite, tout sourire dehors), un homme de main cupide (Adam Baldwin, un grand modèle humoristique), un prêtre, un pilote, le capitaine (Nathan Fillion, le cynisme lui va si bien) et sa seconde. Toutes ces personnalités bien trempées vont se heurter et s'aimer, abordant avec légèreté quelques thèmes un peu plus sérieux (comme la prostitution, l'esclavage, la religion, etc) sans perde de vue l'essence même de la série. Certains épisodes se versent donc presque totalement dans l'humour, à l'image de ce « Our Mrs Reynolds » qui s'arrêtera bien trop vite. Oui, Firefly vaut davantage pour son côté comédie que pour son côté action, à n'en pas douter. Car le reste dessert un peu la qualité générale de la série, et explique peut-être son échec sur les écrans américains. En soit, la majeure partie des épisodes s'effrite sur des scénarios et des dénouements un peu bateaux, à peine mis en valeur par une réalisation plutôt molle. L'énergie dégagée par les acteurs parvient à maintenir le tout en place, et à ne pas voir passer les quarante minutes, à partir du moment où elles sont regardées en version originale (la VF canadienne présente sur les DVD est une horreur sans nom, principalement la doubleuse de Kaylee qui la transforme presque en une attardée mentale).

Firefly, avec un peu plus de considération, aurait certainement pu devenir une série majeure et passionnante, peut-être pas sur le plan de la science fiction, mais sur le plan de la comédie. Car, si l'originalité du concept n'est pas franchement son plus gros point fort, et que l'intrigue des épisodes fait dans la facilité, l'effort apporté pour faire des personnages le moteur de la série est si réussi que l'on ne se rassasie qu'une fois les 15 épisodes engloutis (13 épisodes + le double épisode pilote, en vérité), et encore. 15 épisodes seulement, oui, mais le film arrive dans très peu de temps (19 octobre)...