8.5/10Gogwana

/ Critique - écrit par gyzmo, le 05/12/2005
Notre verdict : 8.5/10 - Et VLAM ! (Fiche technique)

Tags : gogwana lwanda live synth uhadi album horizons

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Vous connaissez peut-être les Gogs, cette famille de Cro-Magnon tout droit sortie de l'imaginaire des anglais Deiniol Morris et Mike Mort ? En 1994, le studio Aaargh! Animation leur a consacré une série d'animation éponyme et 100% stop motion. Au fil des épisodes (4x10 mn), la vie de ces drôles de personnages était croquée sous tous les angles : bien faire son ménage dans sa grotte, combattre les nuisances sonores et odorantes à l'origine douteuse, se défendre des dinosaures ceinture noire de karaté... Fort de son succès, la série embraye l'année suivante avec Gogs II (3x10 mn). Et en 1998, pour clôturer cette mini-saga, un épisode spécial d'une trentaine de minutes voyait le jour, Gogwana, un petit bijou d'animation.

L'histoire est toute simple : Lors d'un tremblement de terre dévastateur, et après avoir échappé à l'attaque d'un vilain T-Rex, les Gogs sont obligés de quitter leur petite grotte douillette. Tristes et désoeuvrés, sur cette terre ô combien hostile, où aller et que faire ? C'est alors qu'ils aperçoivent une comète. Persuadés qu'il s'agit là d'un signe, ils décident de suivrent sa direction. Du désert brûlant aux forêts luxuriantes, des profondeurs de la montagne maléfique à la voûte céleste d'un monde farci d'embûches, long sera leur périple jusqu'à leur nouveau chez-soi.

Le scénario est bien pensé. Les références aux oeuvres cinématographiques et littéraires sont nombreuses et souvent amusantes. Le dernier plan qui termine la traversée du désert est étonnant de toupet, tout comme la scène finale se déroulant dans les airs et qui n'est pas sans rappeler la séquence finale de Chicken Run qui sortira pratiquement 2 ans plus tard. Comme on peut s'y attendre, il n'y a pas de dialogues. Les regards, les gesticulations, les grognements ou les cris suffisent à communiquer l'émotion. L'humour du film n'entretient aucune affinité avec la finesse. L'esprit est bon enfant, cocasse, absurde et il tombe souvent dans le scato. Moi, en tous les cas, un... Prout ! ...ancestral de Cro-Magnon par-ci par-là, ça me décrispe bêtement les zygomatiques. Je sais, ce n'est pas la classe. Cela ne plaira pas à tout le monde. Mais on rigole souvent et chaque plan comporte sa surprise. Les évènements s'emboîtent sans aucun répit et l'épisode se paye le luxe d'introduire une guest star irrésistible, spécialiste du jonglage footballistique à la brésilienne, et ancien élément dépossédé du cercle familial.

En parlant de cette dynastie d'envergure, les Gogs ont chacun leur propre particularité. Le patriarche papy Gogas est un furibond qui tape avec son gourdin sur tout ce qui bouge. Son fils Oglas et son petit-fils Ogo sont d'une crétinerie prodigieuse. Ogla, la femme d'Oglas, porte cette famille de dégénérés sur les épaules tout en s'occupant de Girj, bébé qui braille à longueur de journée. Seule sa fille Igi fait preuve d'une gentillesse et d'une ingéniosité unique. Vous l'aurez compris, le mythe du mâle dominant en prend un sacré coup et les femelles préhistoriques sont mises à l'honneur avec beaucoup de malices. Autour de ce noyau gravitent d'autres personnages sur lesquels les concepteurs du film ont cherché à travailler les caractéristiques originales. Ainsi, vous risquez de bien vous poiler devant les «impitoyables» Pygmées et leurs grands masques de bois sur lesquels s'affichent différentes expressions faciales peintes suivant la situation mise en scène !

Depuis les succès de Gogs I et II, le studio de production a gagné en réputation. Les fonds financiers ont sûrement été plus faciles à débloquer. Cela se ressent à l'écran car techniquement, Gogwana est extraordinaire à plusieurs niveaux. Si le générique d'introduction est exclusivement fait en images de synthèse, le reste de cet épisode utilise le savoir-faire traditionnel. Les modèles en pâte à modeler ont tous un style graphique qui séduit immédiatement au premier coup d'oeil et qui n'est pas sans rappeler celui de Wallace et Gromit. Les animateurs ont fait un travail d'une précision épatante sur certains mouvements de personnage. Les environnements fouillés et les effets spéciaux qui donnent vie aux décors font que l'ensemble du moyen métrage respire la passion. Seul reproche : il est dommage qu'un film de cette qualité ne dure que 30 petites minutes.

Gogwana est une réalisation qui devrait plaire aux aficionados de l'humour à la Simpsons ou de South Park. Et pour ceux qui ne sont attirés que par les produits de référence, sachez que cette série devenue culte chez les Britanniques et diffusée dans une trentaine de pays, a été douze fois récompensée dans les festivals d'animation du monde entier ! Enfin, un DVD de Warner Vision regroupant tous les épisodes de cette animation est éventuellement disponible pour ceux qui, motivés par ma terne critique, aurait envi de dépenser quelques euros pour passer un bon moment de rigolade.