7/10L'Hebdo cinéma

/ Critique - écrit par iscarioth, le 30/12/2005
Notre verdict : 7/10 - Grand public ET cinéphilique (Fiche technique)

Mais où est donc passée la belle et flegmatique Daphné Roulier depuis qu'elle a quitté + Clair ? Toujours sur la tranche horaire du midi et sur la formule de l'hebdomadaire, on la retrouve, non plus le samedi, mais le dimanche avec une émission spécialisée dans l'actualité du cinéma.

« Le ton, mordant, mais en aucune manière agressif, reflète mon tempérament »

Depuis la rentrée 2005, Daphné Roulier présente une émission sur le cinéma, qu'il se situe en dedans ou en dehors de l'actualité. Et c'est bien là le point fort de l'émission, qui repose sur un véritable concept et ne se contente pas d'enchaîner promotionnellement les bandes annonces comme le fait, sur une autre chaîne, Cinésix. Le plateau a été conçu d'une manière très minimaliste et sobre. Un blanc clinique, voire science fictionnel et éblouissant, qui envahit l'arrière-plan, des tabourets hauts en métal, des tables en verre... Dans cet espace sont invités à s'entretenir avec la présentatrice des réalisateurs ou acteurs. « Un premier plateau donne la parole à ceux qui font le cinéma, mais il reste très diversifié puisque l'on peut y recevoir tout aussi bien des réalisateurs, des producteurs, des chefs opérateurs... » Voilà ce qu'explique Daphné Roulier sur le site Internet de Canal. On soulignera tout de même que majoritairement, ce sont les réalisateurs et les acteurs, possédant une forte aura médiatique, qui sont invités. Daphné Roulier n'a rien perdu de sa verve critique lors des interviews, même si présenter l'émission Plus Clair lui donnait plus souvent l'occasion d'être acerbe. Le milieu du cinéma et celui de la télévision ne sont pas les mêmes. On retrouve tout de même la présentatrice dans tout ce qui fait son charme et sa force : elle ne se laisse jamais dominer par son invité, aussi prestigieux soit-il et sait imposer son autorité et diriger comme il le faut ses interviews.

Le cinéma pluriel

Comme on l'a dit plus haut, L'hebdo cinéma ne repose pas uniquement sur l'actualité, les films du mercredi et autres infos people. On est face à une véritable émission cinéphilique. Les journalistes dans leurs reportages et Daphné dans ses interviews font référence à l'histoire du cinéma, en citant notamment de grands réalisateurs ayant marqué le septième art. On ne parle pas simplement de Steven Spielberg, Peter Jackson ou Jean-Pierre Jeunet, mais aussi de Pier Paolo Pasolini, Robert Bresson ou Jacques Tati. La grande force de l'émission, ce sont les reportages thématiques, qui investissent réellement toutes les facettes du septième art. On parle aussi bien d'un sous-genre cinématographique que de la filmographie d'un réalisateur actuel ou défunt et de sujets "autour" du cinéma : la promotion, les aspects financiers... L'hebdo cinéma ne parle pas que des grandes sorties du mois et, en comparaison d'autres émissions, spécialisées ou non, réserve finalement peu de places aux blockbusters. Le magazine n'hésite pas à parler de petites productions qui ne sortent que dans une petite dizaine de salles. Malheureusement, tous les sujets de l'émission ne brillent pas par leur pertinence. Certains reportages sont très agaçants. C'est souvent le cas de la rubrique Les plus de la semaine, qui se rapproche, dans le ton, de ce que fait M6 avec son nullissime Génération Hit. Des bouts de phrases récoltés à la bouche des people au sortir de leur limousine mixées avec des commentaires se voulant humoristiques et moqueurs. Des petits reportages clipés aussi furtifs que stupide et hors sujet, par rapport au cinéma. On est parfois proche du style de la presse people.

L'hebdo cinéma est une bonne émission dédiée au septième art car elle fait l'écho de tous les types de films, de tous les cinémas. Elle n'est pas un relais promotionnel et ne parle pas que de ce qui est vendeur. « Nous voulons sortir du ton lénifiant du "tout-promotionnel", plutôt que mettre en avant à tout prix les films dits "grand public" » explique Daphné Roulier. On regrettera juste le ton un peu trop léger de certains reportages.