8/10Jekyll - La mini-série

/ Critique - écrit par cubik, le 25/09/2012
Notre verdict : 8/10 - Double face sans Batman (Fiche technique)

Tags : jekyll hyde series jackman saison docteur eur

Vous avez lu l'histoire du docteur Jekyll. Comment il vécut, comment il est mort. Ça vous a plu. Vous en d'mandez encore. Et bien, écoutez l'histoire de Jackman & Hyde.

Il n'y a pas si longtemps, on vous disait tout le bien qu'on pensait de la remise au gout du jour de Sherlock Holmes, initiée par Steven Moffat. Il avait réussi à reprendre des histoires déjà populaires et à les réadapter au XXIe siècle de façon convaincante. Mais avant Sherlock, il y a eu Jekyll. Moffat a pu se faire la main dans une mini-série sur le mythe de l'homme à deux faces, encore une fois sérieusement dépoussiéré. Et tout comme pour Sherlock, on peut dire qu'il a fait mouche.

Jekyll - La mini-série
DR.

Le pitch réinventé

Plutôt que de se lancer dans la réécriture, Moffat s'inscrit dans la continuité de l'oeuvre originale. L'action se passe donc de nos jours où le livre et les personnages de Jekyll et Hyde sont bien connus. Le docteur Jackman (James Nesbitt) connait même le mythe un peu mieux que le commun des mortels puisqu'il subit une double-personnalité. Généralement posé et discret, il partage son corps et sa vie avec Hyde (faute d'un autre nom), personnage exubérant, sans morale ni éthique n'hésitant pas à faire appel à la violence. Conscient du problème et sans solution, il passe un accord avec son double via un dictaphone, pour que leur "cohabitation" soit la plus harmonieuse et secrète possible. Il embauche même une infirmière (Michelle Ryan) pour l'aider à gérer ses "crises" et cache toute l'histoire à sa femme (Gina Bellman). Mais s'il tient à garder profil bas, ce n'est pas forcément le cas de son autre, ni de personnes extérieures qui s'intéressent grandement à sa condition.

Jekyll - La mini-série
Le bon docteur avec sa femme et son infirmière.

Jekyll ?

La qualité de la série tient à deux choses, et la première, ce sont ses acteurs. James Nesbitt, en particulier, est très convaincant en "schizophrène" et réussit à montrer quelle est la personnalité aux commandes d'un simple regard. Il était pourtant facile de tomber dans le cabotinage, mais l'acteur évite l'écueil d'une façon magistrale. Il réussit parfois même à adopter une attitude suffisamment neutre pour qu'on hésite sur le personnage incarné. Pourtant, l'écart est total entre un Dr Jackman effacé et un Jekyll vicieux et primaire. Les attitudes, les regards, les mimiques sont différentes d'une personnalité à l'autre. On en vient même à chercher la bio de l'acteur pour vérifier qu'il n'aurait pas un frère jumeau, tant il réussit à transposer la dualité.

Jekyll - La mini-série
Jackman ou Hyde?

Minimalisme efficient

L'autre grande force de la série, c'est sa réalisation. Comme souvent dans les séries anglaises, les producteurs ont privilégié l'efficacité à la débauche d'effets. Et je ne parle pas uniquement d'effets spéciaux. Là où il aurait été facile de se perdre dans les méandres d'une psychanalyse, l'histoire reste parfaitement claire. Bien sûr, les auteurs laissent la part belle aux mystères concernant le personnage, mais on n'est jamais perdu dans une métaphysique intellectuelle. Idem dans les images. Pourquoi utiliser des effets utilisant de la technique de pointe quand la suggestion fonctionne beaucoup mieux. Le spectateur est amené à utiliser son imagination et ça tourne à plein régime.

Jekyll - La mini-série
DR.

La mini-série a été diffusée sur Canal +, puis sur Arte, il y a quelques années. Depuis, on peut la trouver sans problème à bas prix en DVD.

En s'inscrivant dans la continuité du mythe, Moffat s'ouvre tout un champ de possibilités qu'il exploite à fond pour revisiter une histoire pourtant vue et revue. Et on frissonne, de peur ou de plaisir, devant les trouvailles autour de ce Jekyll des temps modernes.