Lie to me : et les menteurs, mon cher Watson ?
Séries & TV / Critique - écrit par riffhifi, le 13/01/2011 (Spécialiste du mensonge, Cal Lightman est surtout un sale petit bonhomme impertinent, dont la quête de vérité en irrite plus d'un. Cerise sur le gâteau : il est incarné par Tim Roth.
Depuis le succès des Experts et de leurs spin-offs (Miami, Manhattan), on voit fleurir les séries conçues dans le même esprit : une équipe de spécialistes est réunie autour d'un chef charismatique pour mener toutes sortes d'enquêtes policières, mumbo-jumbo pseudo-scientifique à l'appui. NCIS suit les pas de Gibbs et de ses ouailles dans le monde de la Navy, les héros de Bones étudient les os, etc. Début 2009, la Fox lance Lie to Me, où une bande d'experts en détection de mensonge travaille pour le docteur Cal Lightman. A bien des égards, la série se raccroche au wagon de celles précédemment citées, mais quelques éléments lui permettent de se
L'escouade anti-mensongedistinguer sensiblement.
Le point fort du concept, c'est qu'il permet de varier les plaisirs : le groupe Lightman n'est pas toujours embauché pour démasquer les meurtriers, et il arrive même que les intrigues ne soient pas à proprement parler policières. Le point faible est le même que dans The Mentalist : à l'instar de Patrick Jane, Cal Lightman peut lire dans ses interlocuteurs comme dans un livre pour enfants, et son talent confine parfois à la télépathie – un artifice idéal pour les scénaristes soucieux de résoudre certains problèmes sans trop se casser le bol. Pourtant, la technique exposée est basée sur une science réelle, pratiquée par le docteur Paul Ekman qui a servi de modèle au personnage principal. Mais l'usage qui en est fait dans la série déforme délibérément la vérité, pour conférer à son héros une sorte de super-pouvoir bien commode.
Pourtant, comme tout super-pouvoir, il faut lui reconnaître une vertu salvatrice : voir les menteurs démasqués a quelque chose de jouissif. Un clignement d'œil, un coin de bouche tordu, rien n'échappe à Lightman (dont le nom est significatif : il fait la lumière sur ce qui est caché), dont les méthodes sont basées en partie sur l'étude des personnalités publiques. La série n'est pas avare en images d'hommes politiques de tous pays, montrés en flagrant délit de mensonge... Bien entendu, la vérité nue peut être embarrassante pour celui qui se fait déshabiller, et Lightman se heurte à beaucoup d'animosité au cours de ses investigations. Tant mieux, il adore ça : jouant avec délectation le rôle du poil à gratter, Tim Roth incarne une sorte de Columbo moderne, trapu et inquisiteur, préférant jouer la mouche du coche que tenter d'intimider ses adversaires. L'acteur, que l'on a davantage vu au cinéma qu'à la télévision, domine sans peine un casting assez fade par ailleurs, où la plupart
Saurez-vous lire sur ce visage ?des personnages sont sous-écrits pour maximiser la prestance du chef. Seule exception notable : Ben Reynolds, l'agent du FBI incarné par Mekhi Phifer (le Dr Pratt dans Urgences), dont l'antagonisme avec Lightman (rigueur contre folie douce, méthode contre génie) rappelle par moments celui de Booth et Temperance dans Bones, la tension sexuelle en moins. La situation familiale de Cal permet également de développer quelques situations intéressantes : son ex-femme est avocate, sa fille adolescente évite de le regarder dans les yeux de peur qu'il ne décèle ses micro-mensonges, etc.
Mixant de façon conventionnelle mais efficace les ingrédients de la série télé à succès (suspense, psychologie, action, sentiments), Lie to me se regarde surtout pour l'impertinence de son personnage central, dont le passé trouble, l'attitude irrévérencieuse et le manque de courtoisie envers ses employés n'est pas sans rappeler un certain House... D'ailleurs, l'un comme l'autre cachent un cœur d'or derrière leur coquille d'oursin.
La deuxième saison est actuellement diffusée en France, tandis que la troisième est en cours aux USA.