7/10Life : cops, guns & zen

/ Critique - écrit par riffhifi, le 01/09/2011
Notre verdict : 7/10 - La vérité sur Charlie (Fiche technique)

Dans la jungle des séries policières, Life arrive à faire la différence grâce à son héros zen mais revanchard. Et grâce à sa durée de vie relativement brève : deux saisons.

Les "cop shows" ont toujours eu la cote. Dès les années 50, nous avions Les Cinq dernières minutes, pendant que les Américains regardaient Les Incorruptibles. Ensuite sont venus Les rues de San Francisco, New York Police Blues, et chez nous Navarro. Enfin, depuis une dizaine d’années, non seulement les séries policières fleurissent comme les marguerites sur le bord de la route, mais elles se déclinent chacune en d’innombrables spin-offs : Law & Order, Les Experts… Même Bones a essayé de 16979-life-cops-guns-zen-3.jpggénérer une série dérivée. Dans cet océan de surenchère (New York District n’a jeté l’éponge qu’à sa vingtième saison, donnant vie dans un ultime souffle à un nouveau spin-off appelé Los Angeles District), il devient difficile de se faire remarquer. Les héros décalés comme ceux de Monk, Bones, Lie to Me ou The Mentalist apportent une touche de fantaisie qui séduit le public, et le protagoniste de Life s’inscrit dans la veine de ces enquêteurs lunaires. Par ailleurs, chaque épisode de la série divise son attention entre l’« intrigue du jour » et l’investigation d’un mystère plus général. Et surtout, elle a le bon goût de prendre fin au bout de deux saisons, offrant une résolution à la quasi-totalité des histoires entamées.

Nous sommes en 2007. Charlie Crews vient de passer douze ans en prison, et a été gracié à la suite d’une révision de son procès ; l’état, confus, lui a remis quelques dizaines de millions de dollars de dommages et intérêts. Mais ce qui l’intéresse, c’est de reprendre son boulot… d’inspecteur de police. Bien entendu, ses ex-collègues le regardent de travers, rongés par la culpabilité, le doute, et la perplexité : comment un ancien taulard pourrait-il se comporter à nouveau comme un flic ? Charlie a plusieurs techniques : les cassettes zen, les fruits frais, etc. Mais la rage bout sous la surface stoïque : à l’insu de tous, il mène son enquête pour découvrir les responsables de son enfermement.

Contrairement à la plupart de ses consœurs, qui misent sur la multiplication des personnages et des intrigues secondaires, Life se consacre essentiellement à un seul héros, et une seule intrigue principale. Chaque enquête vient mettre au défi les capacités de Crews et de sa jeune partenaire Dani Reese, les 16979-life-cops-guns-zen-1.jpgpersonnages secondaires ont une fonction de soutien clairement posée (le vieux pote flic, le nouveau pote comptable, le capitaine de la brigade – qui change dans la deuxième saison, au profit d’un zouave haut en couleurs), mais la série gagne le cœur du spectateur grâce à ses deux atouts : la personnalité farfelue et lunatique de son protagoniste, et le suspense qui entoure la résolution de son affaire.

Déchiré entre la zen attitude qu’il s’impose et la colère qui l’habite, Charlie Crews est un personnage attachant, positif malgré les épreuves qu’il a traversées. Ses échanges verbaux avec Reese, fliquette sérieuse mais émergeant d’une sombre période drogue-alcool, constituent le sel des scénarios, qui par ailleurs pourraient être échangés contre ceux de n’importe quelle autre série policière standard : un meurtre, une poignée de suspects, quelques fausses pistes, et une arrestation dans la dernière ligne droite. Dommage, d’ailleurs, que ces enquêtes "one-shot" soient presque tout le temps déconnectées de l’intrigue principale, y compris dans la façon dont Crews se comporte (quel que soit son état de stress, son efficacité de policier ne semble jamais compromise). Dommage également que le spectateur soit parfois trop pris par la main, subissant de longues explications pour certains éléments aisément compréhensible de l’amateur de polar.

La deuxième saison, plus enlevée que la première (et moins réaliste, au grand dam d’une partie du public), introduit un politicien louche joué par William Atherton, que l’on n’a pas assez vu ces vingt dernières années (souvenez-vous : la mouche du coche dans SOS Fantômes et les deux premiers Die Hard, c’était lui), et a le mérite de conduire à une conclusion acceptable, bien que les créateurs de la série auraient préféré qu’elle soit reconduite pour une troisième année. De notre côté, on se contentera de ces deux volumes cohérents, bien menés et parsemés de philosophie facile mais salutaire.

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