8/10Nouvelle Star - 2003

/ Critique - écrit par camite, le 28/05/2004
Notre verdict : 8/10 - Star Academy en mieux (Fiche technique)

Tags : star nouvelle saison thierry amiel jury cerrada

Suite aux départs de Varda et Lionel, la chaîne M6 recrute la diva Marianne James et le batteur Manu Katché pour compléter le jury de son émission Nouvelle Star. Dove et André rempilent, des milliers de candidats tentent leur chance dans toute la France, les meilleurs chanteront dans une vraie salle de spectacles (le Pavillon Baltard), et le public choisira son favori par téléphone sous le contrôle bienveillant de Me Nadjar. Car à l'arrivée, il ne peut en rester qu'un...

En terme de création musicale pure, Simon Fuller ne concurrencera jamais un Mozart. Mais le gaillard s'y entend lorsqu'il s'agit de satisfaire massivement le grand public. Le bougre nous a livré les Spice Girls au siècle dernier et pour la partie, disons, contemporaine de l'histoire, l'émission Pop Idol, adaptée l'an dernier par M6 en A la recherche de la Nouvelle Star qui consacra à la surprise générale le fringant Jonatan Cerrada à la place du marseillais Thierry Amiel.

Rebaptisé Nouvelle Star (plus court donc plus efficace) pour sa deuxième saison, le programme a donc vu voilà quelques jours la victoire d'un Steeve désigné très tôt curiosité officielle de l'affaire. La trentaine dont dix ans de galères à courir le cachet dans les bars et à se faire jeter des maisons de disques, le bonhomme a malicieusement su tirer profit de l'artillerie lourde du programme vedette de la chaîne, se plaçant résolument à contre-courant de la soupe servie habituellement dans ce type de divertissement. Quitte à ressembler parfois à un singe savant de cirque (et vas-y que je saute en grand écart du piano avant de me réceptionner par une roulade, ne manque que le cerceau enflammé). Le public le plébiscite invariablement jusqu'au dénouement. Steeve sortira donc son album et rien d'injuste là-dedans.

L'achètera-t-on ? Pas forcément. Nouvelle Star constitue avant tout une foutrement bonne émission de télé. Les premiers épisodes, d'abord, retraçant les castings éliminatoires, remplacent idéalement Popstars en plus drôle. Les séquences « scénarisées », notamment, réservent leurs lots de crises de rire : Laura fait la roue en sortant de la salle d'audition, le maestro des banlieues rejoue Rocky au cours d'un montage complètement fou, Steeve massacre une chanson de Cabrel avec deux acolytes à l'improvisation comique, un candidat désespérément banal hérite tout de même de son quart d'heure wharolien grâce au jackass du pauvre organisé par ses copains/supporters... Sans oublier les pots-pourris de prestations inclassables que la production qualifiera d'inoubliables à l'occasion du passage au direct. Numéro un de ce Top Nases, Frédéric Setbon, l'homme qui montait haut, comment ça s'fait ? Qui montait très très haut là viendra même livrer live sa version très personnelle de Ligne N°13 de Fiori et Goldman, aboutissement sublime du comique de répétition.

Ensuite, à défaut de participer au rayonnement culturel de la France à l'étranger (Jonatan a bien glané quelques points à l'Eurovision, mais bon), Nouvelle Star se présente au minimum comme une bonne émission de variétés à l'ancienne avec les ingrédients qui marchent (intrusions dans la vie privée des candidats, éliminations à suspense) et surtout de vraies prestations scéniques avec musiciens en soutien (et pas les plus mauvais). Mais Nouvelle Star ne se limite pas non plus au broadcast musical livré clefs en main pour le prime time. N'en déplaise à Marianne James, lorsque le jeune Geoffrey s'effondre en larme après l'annonce de sa sortie par Benjamin Castaldi, l'ambiance bascule brusquement dans la réalité. Les lumières, paillettes et applaudissements s'effacent pour laisser place à une situation aussi pathétique qu'attendrissante que personne ne viendra couper au montage. Le malaise s'empare alors du spectateur qui se demande s'il doit culpabiliser de ne pas avoir voté. Dans le doute, certains décrochent alors leurs téléphones pour sauver leur favorit(e) qui n'en a peut-être même pas besoin.

Dans sa redoutable efficacité, la real TV finit ainsi par se nourrir de ses défaillances. Pas vraiment du Mozart appliqué à la télévision... mais question marketing, Fuller n'a décidément aucune leçon à recevoir.