Plus belle la vie
Séries & TV / Critique - écrit par leynanne, le 28/04/2007 (Tags : plus belle vie france episode episodes camille
Plus belle la vie : série quotidienne à 20h sur France 3. Premier réflexe : aïe ! On nous promet la vie en plus belle. On doit dire qu'on s'attendait à peu près à tout: du "Santa Barbara" à la française, à un "Sous le Soleil" journalier, en passant même par un "Derrick" ciblé ménagère de moins de 50 ans. Et finalement, on se retrouve avec un joli cocktail : tous les goûts sont là, mais on ne les reconnaît plus vraiment. Bien sûr, tous les acteurs sont beaux ; bien sûr, ils sont tous amoureux; Saint-Tropez laisse place à une Marseille tout aussi ensoleillée ; et le suspense vous fait faire de gros yeux quand l'épisode se termine. Parce que, oui, ça a presque l'air trop court. Et c'est pour cela que cette série a gagné son pari.
Une série qui nous ressemble ?
L'élément clé ? Le quotidien. Celui qui fait dire que "ça pourrait très bien nous arriver dans la vraie vie". Plus belle la vie réussit là où d'autres pêchent. Pas d'immense villa avec piscine (certains jeunes vivent en studio!), les personnages sont cadres pour la plupart, certes, mais pas millionnaires ; on aborde des sujets très contemporains, voire difficiles, comme l'homophobie, le cancer, le sida ; et fin du fin, ils vivent en même temps que nous. En effet, chaque épisode est tourné en une journée. Le spectateur peut ainsi voir les dernières 24 heures, vécues (en une demi-heure) par ses héros préférés. Une originalité qui a ses avantages : contrairement aux séries américaines, maintes et maintes fois rediffusées, les personnages ne fêtent pas Noël en plein mois d'avril et, régulièrement, on nous parle du week-end ou des vacances qui arrivent. Petite touche très spéciale qui nous les rend encore plus sympathiques, ces petits Marseillais, et on se prend, (un peu) malgré soi, à vouloir vivre ce quotidien avec eux.
Une vie pas tellement plus belle...
Malheureusement, ce genre de rendement a aussi ses inconvénients. Parce que, forcément, quand on tourne un épisode par jour, le résultat tend vite à sentir le bâclé. Le scénario doit suivre une cadence d'enfer et les coups de théâtre ne sont pas toujours probants. Après avoir essayé toutes les combinaisons amoureuses, possibles et imaginables, entre tous les personnages (dans la limite de l'éthiquement correct... quoique), il fallait bien aller chercher de la chair fraîche. C'est là que l'intrigue policière intervient. France 3 l'a bien compris: le polar fait vendre. Depuis quelques semaines, presque la moitié de chaque épisode se passe au commissariat. Et, honnêtement, être flic à Marseille peut s'avérer être un véritable sacerdoce! On enchaîne les affaires de meurtres, de viols, d'escroquerie en tout genre. Le "super flic", ami des gentils (cela va de soi), se démène comme un enragé, portant l'affaire sur ses petites mais courageuses épaules, seul contre tous s'il le faut. Les autres personnages, pendant ce temps-là, suivent le remous...ou plutôt, ils essayent. Les nouveaux personnages pleuvent, les secondaires s'en vont ; certains personnages, que l'on pensait principaux, disparaissent du jour au lendemain. Et l'on sent bien que les acteurs eux mêmes ont un peu du mal à suivre l'histoire : passer "d'ange gardien" à dangereux escroc en quelques épisodes est un art qui n'est pas donné à tout le monde. Surtout quand on n'y est pas préparé. Le jeu d'acteur flirte donc avec l'improvisation et ceux-ci ne sont pas vraiment à la hauteur. On se surprend à souffrir avec eux quand arrivent les gros plans, si codifiés et encore inévitables pour nous montrer la fameuse face cachée du personnage et on en vient parfois à se demander si l'acteur lui-même est au courant de ce "côté obscur". La caméra zoome dangereusement, notre curiosité est attisée à souhait ; mais l'effet tant attendu tombe un peu à plat quand sur le visage de notre dupeur se lit la question fatidique: "mince, je suis quoi déjà?" Trop tard, on est passé à la suite... D'autres crimes et encore plus de drames. Et finalement, avec tous ces meurtriers et ces escrocs, on se dit que cette vie plus belle qu'on nous promettait, c'est peut-être bien nous qui la vivons.
Alors, s'il est une chose à retenir de Plus belle la vie, ce sont peut-être ces dernières secondes délectables, où tout est dit : arrêt de tout mouvement, zoom implacable sur le visage du protagoniste, suspense déchirant, la phrase choc, les trois notes mémorables (tatata), et... générique. C'est énorme et c'est ça qui est drôle.