Princesse Sarah
Séries & TV / Critique - écrit par knackimax, le 08/05/2008 (Tags : princesse sarah dessin animation sara personnages france
Série qui pointe directement au cœur d'une nostalgie larmoyante et qui laisse encore une certaine impression bouleversante d'une humanité débordante. Aujourd'hui on appellerait ca du mièvre. Pourtant c'est mignon.
L'histoire de Sarah n'est pas ordinaire, et nous allons nous permettre de la réécrire ici pour les rares enfants qui n'ont pas eu le plaisir de faire sa rencontre sur les écrans télévisés du club Dorothée vingt ans plus tôt, voire même ceux qui n'ont pas connu la 5 et ses programmes mémorables (première diffusion sur cette chaîne depuis longtemps oubliée). Autant vous dire que presque tout est raconté dans le titre mais le développement n'en est pas moins des plus originaux... pour peu que l'on retrouve un peu d'innocence avant le visionnage et qu'on se rappelle que les dessins animés dramatiques ne sont pas non plus légion. La nostalgie nous pousse parfois à nous rappeler de ces tous premiers moments d'émotion qui jonchent l'amnésie de notre tendre enfance. Il est toujours bon d'y refaire un tour et de se rendre compte de l'intégrité de nos souvenirs et de la foule dépeuplée de nos anciennes réactions. Dans le cas de Princesse Sarah, le différentiel est grand. Malgré un souvenir plutôt exact, les réactions différent par leur logique décalée et vingt ans de vie au XXème siècle.
A Londres, au XIXème siècle, un père installe sa fille unique dans un pensionnat pour jeunes filles des plus confortables et pense ainsi lui offrir l'éducation qu'une
jeune demoiselle de son état ne pourrait obtenir en le suivant dans ses voyages d'affaire en Inde. Au bout de quelques premiers épisodes d'acclimatation à ce douillet cocon posé au milieu d'une capitale misérable et miséreuse, Sarah qui était déjà orpheline de mère se voit apprendre la mort de son père. Seule et désemparée, elle se retrouve du jour au lendemain femme de chambre et bonne à tout faire de ses anciennes camarades de classe. Cette soudaine pauvreté lui fait alors découvrir les vertus d'une princesse déchue. Elle n'apprend pas la gentillesse envers les pauvres car elle était déjà bien gentille au fond de ses grands yeux verts. Un long chemin bien triste l'attend, au cours duquel elle découvre le monde avec douceur et compassion.
On ne nous épargnera rien dans le mièvre au cours des 46 épisodes de la série, mais la lente lamentation de ce dessin animé ressert le cœur de manière efficace bien que très peu subtile. On ne peut nier qu'il s'agit d'une série adressée aux petites filles dans l'essentiel, mais on ne comprend pas toujours la logique dans la production de cette histoire à l'inverse de ses sœurs de la même époque. En effet il s'agit ici d'un dessin animé atypique de nature. Le conte de fée inversé est assez spécifique ainsi que le cadre dans lequel il naît et meurt. Sarah pleure beaucoup mais pour des raisons dont la justification rajoute à notre implication émotionnelle les coups de poignards affectifs qui déclenchent les larmes. En plus Sarah est mignonne même pauvre et elle est amoureuse du jeune ramoneur... heu... cocher sans le sou ce qui nous laisse dans une intrigue des plus soutenues.
Entre les poupées qui ont froid et le coup du petit pain que Sarah donne à la petite fille plus pauvre qu'elle, les leçons de civisme et de bien pensé sont innombrables et tendent à nous pousser vers le mieux pour un monde meilleur. Il est donc certain que ce dessin animé est le plus pédagogique qui soit mais il repousse les limites du bon sens adulte. Ce n'est pas de la faute des concepteurs de la série, certes, car après tout c'est bien nous qui avons vieilli, nous octroyant au passage une dose de désillusion et d'incompréhension du monde enfantin. Le support médiatique, lui n'y est pour rien et reste classique dans sa confection, ni choquant ni émerveillant, identique à ce qu'il était il y a vingt ans.
Sinon Sarah a froid, Sarah a faim mais tout va bien puisqu'elle a une poupée qui lui parle avec ses grand yeux et des amis qui l'aiment elle. Les larmes se lachent et se sèchent donc en alternance dans chaque épisode, la vanne à portée de main d'un
obscur concepteur de séries animées sadiques. Parlons également des quelques détails qui amusent après toutes ses années, les animaux se plantent dans les escaliers, la petite Dottie parle en faisant des bruits insupportables à cause de son problème d'hyperventilation flagrant, Lavigna est tellement méchante que c'est la seule à être blonde, le cheval se brosse les dents avec émail diamant (La magie du blanc) et le prouve lors des quelques épisodes où il nous honore de sa présence et les patates ressemblent à des cailloux marrons.
Il faut par contre être honnête en avouant que le dernier épisode est impossible à regarder sans craquage nerveux et ce pour des raisons évidentes de surcharge de Happy End. Une fin trop éthique pour une série bien sympathique.