7/10ReGenesis

/ Critique - écrit par JC, le 24/01/2007
Notre verdict : 7/10 - Interdit aux hypocondriaques (Fiche technique)

Tags : regenesis saison cheveux produits movie david series

Arte réussi son test avec la mention "positif". ReGenesis devrait en faire tomber plus d'un. Surtout les hypocondriaques, à qui on la déconseille vivement.

Arte ne fait rien comme les autres. Rien. Quand la chaîne franco-allemande annonçait en novembre dernier qu'elle se mettait aux séries, on s'est dit "tiens, voilà une nouvelle précaire en quête d'audience". Quand on a connu le pitch de la série, à savoir : du bioterrorisme contré par des experts scientifiques, là c'était : "Mouarf, encore un croisement des Experts avec 24". Puis, on a regardé. Et c'est bien, finalement.

Rappel de vaccins

(© Shaftesbury Films)
(© Shaftesbury Films)
Créée par la canadienne Christina Jennings, ReGenesis plonge ses téléspectateurs dans le travail de la NorBAC. Ce comité consultatif sur les biotechnologies en Amérique du nord situé à Toronto est mené par Caroline Morrison, directrice administrative, et David Sandström, scientifique de génie. Une direction bicéphale qui pose problème entre deux caractères bien opposés. D'un côté, l'ancien agent de la CIA sensible à la raison d'état et de l'autre, le biologiste moléculaire chevronné. Ce dernier est du genre énervant car capable de résoudre les équations différentielles les plus tordues tout en sirotant une bière à la fraîche. Entre désinvolture et éclair de génie, le personnage, campé par le très convaincant Peter Outerbridge, devient vite attachant. Héros bourru, il se démène avec répondant face aux menaces qui planent : virus mutant ébola/variole du chameau, super-prions, histiocytose langerhansienne, et même pire, adolescente de 15 ans.

Comme les saletés à éradiquer, il faut un léger temps d'incubation avant de succomber à ReGenesis. Après un pilote légèrement poussif où l'on a l'impression de croiser un mix des Experts et d'un téléfilm-catastrophe de M6, la série prend ses marques et son envol. D'épisode en épisode, les personnages s'épaississent et les crises étudiées deviennent plus angoissantes sans tomber pour autant dans la pure science-fiction. Dès lors toute menace semble appartenir à l'ordre du possible pour un résultat palpitant. Impression renforcée grâce à des intrigues tarabiscotées qui préfèrent laisser de nombreuses questions sans réponses. Frustration et flippe assurées.

Mal au crâne ? C'est peut-être ébola

Archétype du programme "post-11 septembre", ReGenesis virevolte de bactéries en virus sur les peurs d'un monde déglingué où les plans d'alerte seraient constamment au niveau écarlate.

(© Shaftesbury Films)
(© Shaftesbury Films)
La mise en scène joue merveilleusement son rôle pour appuyer cette atmosphère narrative : les visages sont blafards, les décors oscillent dans les tons glauques et toute mission comporte son lot de sacrifiés. Malgré de nombreux emprunts aux canons du genre tels que 24 pour les split-screens et Boomtown pour le retour en arrière suivi d'un changement de point de vue, la série trouve sa propre identité au fond d'un bouillon de culture entre inspiration britannique et efficacité américaine. Parfois, la réalisation est touchée par la grâce comme lors d'un dialogue monté/remonté d'une femme en détresse après la mort de sa fille d'une encéphalopathie spongiforme fulgurante. Confusion des sentiments. Angoisse palpable qui se projette sur le téléspectateur. Très perturbant.

Avec ReGenesis, Arte réussi son test avec la mention "positif". Assez différente pour se démarquer de la concurrence tout en restant divertissante, la série devrait en faire tomber plus d'un. Surtout les hypocondriaques, à qui on la déconseille vivement.