8/10The Shield - Saisons 1 à 4

/ Critique - écrit par JC, le 16/03/2006
Notre verdict : 8/10 - Mackey elle bien cette série (à lire avec l'accent italien...) (Fiche technique)

Tags : shield dvd saison episode vic coffret integrale

Il faut avouer qu'il est bien difficile de ne pas recevoir la série comme un coup de boule dans la face...

"Ce n'est pas un flic, c'est Al Capone avec un badge !". Voilà comment David Aceveda, tout frais capitaine du commissariat de Farmington (Los Angeles/USA), qualifie le héros de The Shield, l'inspecteur Vic Mackey, lors du premier épisode de la série policière.

© Sony Pictures Television International
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Une ligne de script qui résume bien ce que veut donner à voir The Shield. Création de Shawn Ryan, scénariste d'Angel, la série a tout bonnement envie de dynamiter les codes de la fiction policière lambda, passer la seconde, voire la cinquième en terme de protagonistes torturés, d'enquêtes sordidement dégueue, et de complexité du rapport politique/police, notamment avec ce personnage nommé Vic Mackey, intronisé héros de la série. Vic roule pour lui n'hésitant pas à s'arranger à coup de tatanes avec un dealer pour avoir 10% de son bénéfice, à doubler la mafia arménienne, et même à tuer de sang froid un collègue enquêtant sur lui (épisode pilote de The Shield).

Ce chien fou de personnage, les critiques TV l'ont rapidement surnommé le "pitbull humain". Plutôt bien trouvé. Physiquement et comportementalement parlant, c'est indéniable, l'inspecteur Mackey a des traits communs avec le molosse. D'ailleurs, comme pour le canidé, nombreux sont ceux qui voudraient l'extinction de la race. Si la castration chimique semble inadéquate, ses ennemies préfèrent utiliser d'autres armes comme une surveillance accrue et une enquête de l'IAE (Police des polices US). Et aucune injustice là-dedans, Vic est un pourri, un vrai. Mais il est aussi un père de famille qui aime ses trois enfants (dont deux autistes) et un équipier loyal. Ce n'est pas un éléphant, euh, pardon un monstre, c'est un être humain.

C'est un des points forts de la série, l'étrange sentiment qui peut naître dans la cervelle du téléspectateur face à ce personnage qui inspire autant de sympathie que de dégoût. Cet aspect bidimensionnel, les auteurs de The Shield le maîtrisent à merveille au point qu'il arrive parfois, dans un même épisode, de souhaiter voir tomber Vic Mackey tout en se disant "ouf" intérieurement lorsque celui-ci s'en tire.

© Sony Pictures Television International
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Vous l'avez compris, The Shield est "Vic Mackey-centric" mais la série jouit aussi d'une galerie de personnages savoureux. D'abord, les membres de la Strike Team, l'équipe de quatre flics menée par l'inspecteur Mackey. On y retrouve Ronnie, Shane et Lem. Généralement ils posent les questions et tapent, soit avant, soit après, c'est selon. Proche du mutisme, Ronnie Gardocki fait bien pâle figure à côté de Shane et Lem, bien plus construits narrativement. Shane Vendrell est le spécialiste de l'embrouille, une vraie tête brûlée, Curtis Lemansky, lui, est un bon policier qui aime faire échouer les criminels malgré quelques entorses à la Loi...

Dans l'enceinte du commissariat de Farmington, ils côtoient les inspecteurs Claudette Wyms et Holland "Dutch" Wagenbach. Ce dernier est peut-être un des personnages les plus sympathiques créés dans la série. Privilégiant la réflexion, il est un vrai double négatif de Vic Mackey, il passera de bouffon à personnage torturé et fin limier maladroit au fil des saisons. Avec Claudette, ils mènent des enquêtes moins physiques mais souvent tout aussi glauques. Deux officiers de police complètent le casting, Danny Sofer et Julian Lowe, un homo refoulé assez peu gay-friendly avec lui-même. Puis, enfin il y a le grand méchant loup, David Aceveda, le capitaine de police qui garde un oeil braqué sur la mairie tout en ayant les dents qui rayent le parquet.

Cette distribution et ses caractères spécifiques permettent de naviguer agréablement d'une scène à l'autre avec des tensions différentes : fracassante pour la Strike Team, dramatique pour Danny et Julian, et "rouletabillesque" pour Claudette et Dutch. Cela avec l'avantage de ne pas tomber dans le mélo même quand les problèmes de couple de Mackey entrent en jeu.

La réalisation de la série se veut, elle, nerveuse comme une veille d'examen avec un recours à la caméra à l'épaule très documentaire et délectable. Une mise en scène qui sert totalement le propos de The Shield.

© Sony Pictures Television International
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Avec l'idée de cette série Shawn Ryan avait l'ambition de révolutionner la fiction policière. Si certains confrères se sont effectivement enflammés, il est de bon ton de nuancer cela et de qualifier The Shield de série trois étoiles plutôt que de révolution. Car cela reste avant tout du policier, du policier méchant et pas très courtois mais du policier. Cependant, il faut avouer qu'il est bien difficile de ne pas recevoir la série comme un coup de boule dans la face, certaines scènes restent en effet longtemps en tête par leur violence physique ou mieux psychologique comme celle de l'agression sexuelle de David Aceveda par deux malfrats qui doit encore faire frissonner ceux qui l'ont vu par son côté malsain et réaliste (saison 3).

The Shield mérite son 8/10. D'abord pour l'interprétation de Michael Chiklis, crâne rasé, regard d'acier, qui incarne un Vic Mackey terrifiant (Golden Globe du meilleur acteur en 2003, même consécration aux Emmy Awards 2002). Aussi grâce à ses personnages bien écrits. Enfin par son scénario précis qui n'hésite pas à utiliser les intrigues antérieures afin de mieux les faire se recouper plus avant dans la série pour créer des arcs narratifs hyper-cohérents.

En clair, The Shield ne va pas révolutionner votre vision de la série policière (les personnages violents et ambivalents sont maintenant monnaie courante) mais elle risquera fort de vous visser sur votre canapé pour peu que vous appréciiez le genre.