7/10The Strain ou la revanche du CDC

/ Critique - écrit par nazonfly, le 09/08/2015
Notre verdict : 7/10 - Faites attention aux vers ! (Fiche technique)

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Une série écrite et produite par Guillermo del Toro ? Ça vaut le coup de s'y pencher dessus !

Un avion se prépare à atterrir à l'aéroport de New-York avec son lot de passagers excentriques quand l'hôtesse de l'air est appelée par son collègue inquiet d'avoir entendu quelque chose bouger dans la soute. Un quelque chose qui sortira bien vite de la soute… Quelques heures/minutes après, l'avion provenant de Berlin reste stationné sur la piste tous feux éteints, sans radio, sans aucune preuve de vie. Aussitôt toutes les agences gouvernementales étatsuniennes adéquates sont sur le tarmac : FBI, TSA (agence de sécurité dans les transports)… et le CDC (Center for Disease Control, soit le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies). Une fois n'est pas coutume, le CDC prend le contrôle de l'affaire via les Dr Ephraim Goodweather (Corey Stoll) et Nora Martinez (Mia Maestro), accompagnés de Jim Kent (Sean Astin). Forcément quand on appelle sa série The strain (la souche s'il s'agit d'un virus), on s'attend à ce qu'il y ait des maladies et des virus et que le CDC soit dans la place. Mais ce qui s'est attaqué à l'avion est peut-être plus que cela…


DR. Que personne ne bouge, c'est le CDC

 

De (très) bons points malgré des personnages un poil caricaturaux

Une première qualité remarquable est la présence de multiples langues, du français pour une petite fille française, de l'espagnol pour les sud-américains… même si bizarrement ce travail sur les langues disparaît, de façon incompréhensible, lors des flashbacks dans le passé. Vous me direz que ce n'est qu'un détail. Certes mais c'est toujours agréable d'entendre autre chose que de l'anglais à longueur de série.

La présence de médecins du CDC est sans doute l'une des originalités de la série (avec le renouveau d'un mythe abordé plus loin) : scientifiques, ils ne sont pas de la police du même nom et ne sont pas des enquêteurs conventionnels, même si au final il y a évidemment des traits communs. On pourra cependant regretter que les personnages soient un peu caricaturaux avec en exemple parfait le Dr Ephraim Goodweather, le héros-qui-a-des-problèmes-dans-sa-vie et qui devra tenter de les régler en même temps qu'il devra sauver la terre entière. Mais les autres personnages ne sont pas en reste : le vieux savant qui sait tout, le gamin qui devra être protégé par son papa (coucou The Walking Dead même si Zack est moins pénible que Carl), la brute de base, à l'humour ravageur mais au grand cœur (pour le coup il y a quelque chose de Hellboy dans Vasiliy Fet), le milliardaire véreux, le chicano bad boy… Si on espère quand même que les choses évolueront un peu dans les prochaines saisons, la plupart de ces personnages sont pourtant diablement sympathiques, condition sine qua non pour que le spectateur veuille bien continuer à suivre une série. Quoi ? Joffrey, Ramsay Bolton, Cersei dans Game of Thrones ? On peut alors rajouter que les méchants de l'histoire sont un point important et ceux de The strain ne sont pas en reste.


DR. Oui je suis le méchant de l'histoire, ça vous étonne ?

Produit par Guillermo del Toro (Hellboy, Le labyrinthe de Pan, Pacific Rim entre autres), The Strain est une bonne série horrifique qui n'est pas sans rappeler, sur certains points, The Walking Dead (même s'il n'y a pas de zombies dans The strain). Cette première saison permet de poser clairement l'ambiance et les personnages principaux mais elle appelle d'emblée une deuxième saison qui permettra de poursuivre le développement de certaines intrigues secondaires qui font saliver. La plus grande qualité de The Strain tient dans ce que la série renouvelle un mythe séculaire que nous développons dans la partie suivante afin de ne pas dévoiler trop rapidement l'intrigue principale.

Le renouveau d'un mythe

Si vous ne voulez pas qu'on vous gâche vilainement la suite, vous pouvez vous arrêter de lire ici. Pour les autres, The Strain renouvelle un mythe pourtant largement galvaudé et depuis de nombreuses années dans toute la littérature fantastique, dans tout le cinéma fantastique, dans tous les jeux vidéo et même jusqu'aux séries télé : le mythe du vampire. On connaît bien évidemment les classiques du genre : le comte au teint blafard et drapé de noir, la crainte du soleil et de l'ail, la peur des crucifix sans oublier l'étrange mélange entre Eros et Thanatos, l'amour et la mort, qui imprègne pratiquement chaque œuvre vampirique. Ici on est plutôt loin de ces stéréotypes et, s'il fallait se raccrocher à une œuvre précédente pour définir le vampire de The strain, I am legend serait la référence. Dans le film de Francis Lawrence, le vampire est quasiment rabaissé au niveau d'un zombie de bas étage, d'un monstre qui craint la lumière. Même constatation dans The Strain : des hordes de vampires grognants, grinçants envahissent New York comme les zombies envahissent les villes. Pour détruire les vampires, nul besoin d'un pieu dans le cœur : un décollement du chef à coups de sabre (re-coucou The Walking Dead et Michonne) ou de simples headshots (au passage il est toujours aussi facile de tirer une balle dans la tête même à longue distance) pour coller parfaitement au mythe du zombie made in Hollywood.

Mais la grande nouveauté se situe en fait au-delà de ce simple parallélisme entre vampire et zombie et prend racine dans l'une des deux craintes majeures du moment : non pas le terrorisme mais le risque d'une épidémie décimant l'humanité, idée véritablement tendance depuis quelques années (L'armée des douze singes, 28 jours plus tard, Contagion, The Walking Dead encore) qui semble avoir remplacé la peur du nucléaire des années 60 et 70. À la différence près que ce parasite transforme son hôte si bien que le fameux baiser du vampire tient plus de l'horreur d'Alien que du romantisme de Twilight. Ce qui permet quelques belles scènes gore et quelques belles incohérences du type le gentil qui est toujours plus rapide que le péquin moyen pour éviter le baiser du vampire.

Il y aurait évidemment beaucoup à dire sur cet aspect du mythe vampirique mais la dernière innovation majeure que nous aurions voulu aborder est la volonté des vampires de nuire, principalement et en premier lieu, à leurs êtres les plus chers, loin des attaques aléatoires des films classiques de zombies/vampires. L'ennemi n'est plus l'alien, l'étranger mais les personnes qui partagent le plus avec vous, ce qui permettra sans doute des développements plus qu'intéressants dans les saisons prochaines de The Strain.