7/10Tru Calling : Compte à rebours - Saison 1

/ Critique - écrit par Lestat, le 05/10/2005
Notre verdict : 7/10 - Meurs un autre jour (Fiche technique)

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Diplômée en médecine, Tru Davies est une jeune femme sans histoires, si ce n'est d'avoir une situation familiale peu enviable. Témoins du meurtre de sa mère, Tru, son frère et sa grande soeur vivent séparés de leur père qui a coupé les ponts. Tru a aussi un emploi un peu morbide. En attendant de pouvoir passer son internat, elle travaille à la morgue, préparant les corps avant leurs autopsies. Boulot de nuit peu désopilant mais qui a le mérite d'être calme, sorti des mauvaises blagues de son collègue. Pourtant une nuit, Tru découvrira son "Don". Quand ceux-ci le demandent, Tru peut aider les morts et éviter leurs trépas, en rembobinant les douze dernières heures de la journée. Mission harassante où sa vie privée y laisse parfois des plumes...

"Aide-moi !"

Nouvelle venue sur notre bonne vieille M6 après diffusion de deux saisons sur la Fox, Tru Calling n'est clairement pas une série originale. D'emblée, le spectateur téléphage pensera à un pendant macabre de Demain à la Une, série sympatoche où un brave type reçoit le journal du lendemain du jour présent. La récente adaptation de Dead Zone est également à compter dans les (inspirations ?) concurrents directs. Pourtant, Tru Calling tire son épingle du jeu, par une fraîcheur, une qualité d'écriture et une capacité à surprendre tout en répétant le même schéma. Tru Calling c'est avant tout des personnages hauts en couleurs, tous diablement attachants. Sans aucun doute, le principal moteur de sympathie de cette série. Tru Davies bien sur, qui prend la frimousse brune d'Eliza Dushku, la tonitruante tueuse Faith dans Buffy. Tru est une jeune femme plus qu'une héroïne, battante et fragile, sauvant des vies tout en voyant la sienne voler en éclat. A l'aise dans ce rôle, bien que moins charismatique que dans la peau de Faith, Eliza Dushku apporte en outre un indéniable côté sexy, ce qui est, comme il convient de le dire, la cerise sur le gâteau. Tru a un jeune frère, Harrison. Harrison est un de ces personnages qu'on trouve souvent dans les séries américaines, celui du looser qui a toujours la classe. En général, ce type de bonhomme devient rapidement lourd si mal canalisé. Heureusement ce n'est pour l'instant pas le cas. Principal vecteur comique, Harrison amuse souvent par ses réparties ou ses plans foireux. Personnage riche et charismatique, son scepticisme quand au Don de Tru permettait quelques rapports en demi-teinte avec cette dernière, tout en lui apportant encore un peu de piquant. Il finira cependant par se faire une raison et croire les histoires de sa grande soeur. Un peu dommage, il aurait pu être à Tru ce que Scully fut à Mulder. A la série maintenant de ne pas en faire un Blair Sandburg du pauvre. La grande soeur de Tru, Meredith, est encore assez peu développée à l'heure où j'écris ces lignes. Présente par intermittence, Meredith est avocate et souffre d'une dépendance à la poudre blanche. Les rôles sortant du cadre familial sont tout aussi intéressants. Lindsay, la meilleure amie de Tru, un peu foldingue qui entamera une relation avec Harrison. Davis, le patron de la morgue, un homme lunaire préférant la compagnie des morts à celle des vivants. Un personnage un peu burlesque, parfois touchant dans ses tentatives ratées de sortir de sa bulle de formol. Au fil de la série, il s'avèrera pourtant un allié de poids et tout laisse à croire qu'il en sait plus qu'il n'y parait quant au Don de Tru. Enfin, Luc, le petit ami de Tru, un photographe qui pour l'instant reste en retrait. Bien sur, il n'est au courant de rien, est aux petits soins avec sa dulcinée et accepte sans trop broncher son incessante manie de courir on ne sait trop où. Quelques indices nous laisses cependant deviner son traitement futur, curieux qu'il est de découvrir le secret qu'il soupçonne.

Le décor planté, les histoires sont d'une construction assez égale. Un mort, généralement en sale état, arrive à la morgue, tourne soudain la tête et demande de l'aide à Tru. De là, tout se rembobine : Tru se re-réveille dans son lit, vérifie qu'elle revit belle et bien sa journée et entreprend de sauver le/la/les futur(es) macchabée(s). "C'est une de ces journées ?", "J'ai un truc à faire, c'est urgent", autant de phrases clés qui ponctuent la série. Là, le risque du syndrome Dead Zone est à craindre, soit d'étirer indéfiniment le même concept sans beaucoup d'éclat. Tru Calling y serait tombé sans ce qui fait l'autre force de la série : le soin apporté à ses intrigues. S'autorisant rapidement la prise de risque, tant au niveau thématique, abordant par exemple l'homosexualité au cour d'un épisode particulièrement prenant, que d'un point de vue purement formel - un épisode en forme de long flashback, un épisode où Tru doit sauver cinq personnes d'un coup...-, chaque épisode se plait à partir dans des directions tortueuses et contient son lot de conclusions "incroyables". A cela s'ajoute l'intelligence de la chose voulant que la Don de Tru ne soit pas qu'une bénédiction. Tout d'abord, ça ne fonctionne pas toujours comme prévu -il se trouve un épisode où Tru rate son coup- ou pas toujours tout court -le pilote, qui termine de façon très sombre, voyant la mort irrémédiable d'un être cher à Tru-, mais en outre, les actes revus et corrigés ne sont pas sans conséquences. Notamment au niveau de la vie de Tru. Parfois certaines choses doivent rester à leurs places. L'histoire de Luc manque de ne jamais voir le jour, faute à une rencontre dans un couloir qui ne se sera pas reproduite. Meredith se fait tabasser par un dealer qu'elle n'aurait, en temps normal, pas pu rencontrer à cause d'un accident de la route évité depuis par Tru. Chaque épisode ou presque à sa contrepartie, autant heureuse que malheureuse, sur la vie de Tru et son entourage, et tout ceci permet d'apporter du sel à une mythologie encore peu développée. A la série d'évoluer à présent, et souhaitons qu'elle garde intacte ces bonnes bases.

Tru Calling n'est pas une grande série, mais ses personnages et ses intrigues font oublier un déroulement mécanique et routinier. Tru Calling ne fouette pas le cerveau, mais son aspect spontanée, relativement adulte et sans prétentions, doublé d'une certaine touche lugubre dans son a-propos et son environnement, en font un synonyme de bonne soirée. N'est-ce pas là l'essentiel ?