Xanadu : une famille de pornographes sur arte

/ Preview - écrit par riffhifi, le 20/04/2011

Tags : xanadu arte valadine porno alex famille series

Depuis quelques années, le PAF développe un goût prononcé pour les séries de fiction traitant explicitement de sexe. Canal+, drapée dans le confort de son aspect crypté, a fait les premiers pas, rejointe aujourd’hui par Arte. Toujours prompte à l’expérimentation, la chaîne ne mise évidemment pas sur un concept bassement racoleur, mais sur une saga familiale où la pornographie sert de toile de fond.

Xanadu : une famille de pornographes sur arte
Julien Boisselier
Curieusement, les séries conçues par des hommes se sont intéressé jusqu’ici à la prostitution (Maison close, Pigalle la nuit), alors que les femmes se sont montrées plus attirées par le sujet de la pornographie (X-femmes, Hard). Séverine Bosschem, créatrice de Xanadu, porte le projet depuis plus de quatre ans… ce qui n’empêche pas le spectateur malicieux de remarquer un air de ressemblance évident entre l’intrigue de sa série, et celle de Hard diffusée il y a trois ans sur Canal : une famille productrice de X, une crise qui commence par le décès d’un membre, une femme obligée de reprendre les rênes d’un business qui la rebute, etc.

A son crédit, Xanadu possède une fiche technique surprenante : la réalisation est assurée essentiellement par le Canadien Podz (Daniel Grou), rompu à la technique de la fiction TV depuis une dizaine d’années mais novice sur le territoire français (il a fait ses armes sur Le loup-garou du campus et la série Largo Winch) ; et le casting hautement hétéroclite rassemble le comédien bobo Julien Boisselier, Vanessa Demouy de Classe mannequin et Cœurs Caraïbes, Nora Arnezeder vue dans Faubourg 36 et actuellement dans La Croisière, Jean-Baptiste Malartre de la Comédie Française, le véritable hardeur Phil Hollyday (La boulangère a de belles miches, Erections présidentielles, Fuck and Furious)… L’histoire, quant à elle, verse dans la saga familiale traditionnelle : Alex Valadine, magnat vieillissant du porno, fait des films à l’ancienne façon Marc Dorcel. Alors que l’industrie lui réclame du gonzo, c’est-à-dire du prêt à consommer pas cher et sans scénario, il se dit qu’il est peut-être temps de passer la main à ses enfants. Alors qu’il chérit la mémoire de sa femme défunte Elise Jess, ex-égérie de sa société Xanadu, il ne voit pas que son actuelle jeune épouse rêve d’enfant et de stabilité.

Xanadu : une famille de pornographes sur arte
Vanessa Demouy, mieux armée
Entièrement dédié à la crise familiale, le scénario parvient à faire émerger quelques personnages intéressants : l’acteur porno Brandon Hard-on, arrogant et spontané, le jeune boutonneux qui vient fleurir la tombe d’Elise Jess… Mais l’essentiel réside sans doute dans l’opposition entre les deux fils Valadine : l’aîné veut être comme son père (gérer l’empire, correspondre aux goûts du jour), mais échoue lamentablement dans sa vie personnelle comme dans sa vie professionnelle ; le cadet tourne des pornos artistiques en free-lance, essaie de trouver le sentiment dans l’acte sexuel, montrant ainsi que le sens des tabous dans sa famille est renversé par rapport au modèle traditionnel.

Au-delà de l’aspect provocateur de son concept, qui implique la représentation occasionnelle d’actes sexuels tout à fait explicites (pour la diffusion télé, les scènes seront floutées), Xanadu présente pourtant la plupart des défauts observés dans les séries télé françaises : un traitement bavard qui se prend méchamment au sérieux, une absence de rythme et de fantaisie assez plombante, ainsi qu’une artificialité des dialogues et de certaines situations qui désamorcent l’intérêt des thèmes abordés. Pourtant, quelques scènes fortes surnagent dans les deux épisodes dévoilés en avant-première, notamment la fin du premier épisode qui constitue un beau tour de force technique et artistique. Vanessa Demouy ne fait son entrée qu’au troisième épisode, on ne se prononcera donc pas sur sa prestation de porn-star en quête de come-back.

Xanadu : une famille de pornographes sur arte