Arrêt sur images
Séries & TV / Critique - écrit par Levendis, le 21/02/2004 (Tags : arret images emission medias schneidermann daniel france
Arrêt sur images est une émission créée et animée par Daniel Schneidermann, un ancien journaliste-chroniqueur du journal Le Monde. Spécialisé dans la critique de la télévision, Schneidermann a débuté sa carrière en collaborant avec le trublion Pierre Carles, avec pour but principal de disséquer le fonctionnement de cette étrangeté nommée "télévision". Mais bien vite les deux compères finirent par avoir des opinions et des approches divergentes sur la question qu'ils décidèrent finalement de prendre des chemins différents : Pierre Carles décidera, pour sa part, de jouer les francs tireurs kamikazes en attaquant ce média par ses propos armes souvent acerbes (voir les films Pas vu, pas pris et Enfin Pris pour s'en faire une idée), et Schneidermann, quant à lui , procédera en faisant la critique de "la bête" de l'intérieur, exercice ici plus périlleux.
Entre auto-critique et analyse distanciée
En effet le but principal de l'émission est chaque semaine de revenir sur un événement, une image qui a marqué la télé et de tenter de comprendre les mécanismes qui l'ont amenée à nous interpeller. Ainsi, à travers les dossiers préparés par des chroniqueurs (Hélène Risser, Maya Neskovic, David Abiker), d'invités concernés par l'actualité traitée et aussi grâce à divers reportages, le spectateur est amené plus facilement à saisir, voire à réfléchir sur son rapport à l'image télévisuelle. Car celle-ci, bien souvent malléable, peut devenir rapidement une arme aux mains des acteurs de la télévision ayant peu de déontologie (voir le traitement médiatique de la guerre du Golfe, ou de l'affaire du bagagiste de Roissy pour s'en faire une idée). L'animateur sollicite souvent le point de vue des invités, très souvent eux-mêmes "fabricants d'images", pour essayer de savoir la distance qu'ils ont avec les images qu'ils produisent, voire à les "presser" de faire une sorte d'autocritique de leur travail. Ici donc, le rôle du service public porte bien son nom, et on apprécie pour une fois.
L'ivresse de l'audimat
Cependant, succès oblige, l'émission tombe parfois, malgré elle, dans les travers qu'elle relève souvent ; d'une part par une certaine people-isation de certains sujets (trop parler de la télé réalité, par exemple, ou survoler d'autres), aussi il y a l'introduction d'un chroniqueur qui semble même faire "tache" par rapport à la ligne éditoriale de l'émission. Je parle bien entendu du cas Phillipe Vandel, rescapé de feu NPA, qui donne parfois l'impression de refaire ce qu'il faisait au temps où il était sur Canal. Ensuite, on peut déplorer le ton trop souvent donneur de leçons de Schneidermann, frisant parfois le procès de sorcellerie vis-à-vis de certains invités ou chaînes (TF1 a beaucoup dégusté par le passé). Le retour à une plus grande pédagogie serait nécessaire. C'est sans doute pour cela que Alain Rémond, l'ancien chroniqueur, est parti, remplacé depuis par un David Abiker moins rentre-dedans que le précédent.
Malgré tout et malgré ses défauts, l'émission reste une référence pertinente dans la critique télé et l'analyse de l'actualité "brûlante". Et signe d'une grande utilité : c'est que celle-ci a pu, sans doute, ouvrir la voie à d'autres émissions (+ Clair, la minute du médiateur de France2, face à l'image...) qui suivent le même concept intéressant : celui de prendre le temps de comprendre, tout simplement.
En conclusion, espérons donc que l'émission durera longtemps et qu'elle continuera longtemps à titiller notre esprit critique de télévore.