8.5/10La caverne des introuvables : pour les Ali Babas cinéphiles

/ Critique - écrit par riffhifi, le 06/07/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Ali Baba et les quarante pirates ? (Fiche technique)

Tags : films pour film vie cinema introuvables france

A l’heure où Hadopi sort ses grands chevaux, on peut s’interroger sur les limites qui existent entre piratage abject et partage responsable. La caverne des introuvables, par exemple, est une mine d’or pour cinéphiles animée des meilleures intentions.

Les spots Hadopi ont bien fait rire les spectateurs, la loi elle-même est d’ores et déjà obsolète (plus personne ne pratique le peer-to-peer, supplanté par les sites de téléchargement directs), et les internautes continuent de regarder films et séries sur internet. Illégal, ça l’est. Nocif à l’économie de la 16565-caverne-introuvables-les-ali-babasculture, c’est relatif, le débat est ouvert. Immoral ? Tout dépend de ce que l’on télécharge. Aller pomper le dernier blockbuster au lieu de se fendre d’une place de cinéma, c’est refuser clairement de jouer le jeu (et c’est un manque de respect pour le film, qui n’est pas savouré dans les conditions optimales) ; mais dégoter une perle rare, négligée par les éditeurs vidéos et les chaînes de télévision depuis plusieurs années, c’est un autre sujet…

La caverne des introuvables est un simple blog, qui a ouvert ses portes il y a environ deux ans. L’interface est sobre, les billets sont réduits à l’essentiel : un titre de film, un résumé, une bande-annonce, quelques photos… et le lien pour le télécharger. Deux règles d’or animent l’administrateur : le film doit être introuvable (épuisé ou jamais édité) en vidéo française (aucune copie vf ou sous-titrée), et son lien sera supprimé s’il redevient accessible dans le commerce. A partir de là, tous les styles sont permis : nanars antiques, œuvrettes inédites en France, films muets oubliés, chefs d’œuvres négligés… Avec son site à la frontière de la légalité, Acromega se pose en Zorro de la cinéphilie, offrant aux amateurs la découverte de merveilles qui leur sont tout bonnement inaccessibles par les voies légales. Une escouade de passionnés se charge de rendre la chose possible, en fignolant des repacks de VHS ou de diffusions télé aussi propres que possibles, et en sous-titrant les films avec soin.

Révoltant, ce partage gratuit de films qui ont coûté des sous ? Pas vraiment. Les artistes qui se sont usé la paillasse à tourner 16565-caverne-introuvables-les-ali-babasun long métrage sont, le plus souvent, heureux qu’il soit vu. S’il ne l’est pas grâce aux distributeurs, il le sera grâce à Internet. C’est ainsi que Philippe Setbon, réalisateur de Mr Frost avec Jeff Goldblum, a lui-même fait la pub de La Caverne des Introuvables sur son blog, donnant le lien qui permet de télécharger son film… De la même manière, on sait que Oley Sassone, réalisateur de la première version des 4 Fantastiques, a toujours encouragé le piratage de son film (qui n’a jamais connu d’exploitation officielle) : coup de bol, il a échoué tout récemment sur la Caverne.

Pour se faire une idée de la variété de l’offre, on observera les derniers ajouts du site :

  • L’œil de l’araignée avec Klaus Kinski et Van Johnson
  • De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, réalisé par Paul Newman
  • L’antilope d’or, film d’animation russe
  • Les deniers du culte, documentaire sur les films d’exploitation narré par John Landis

Alors, scandaleux ou salutaire ?