Une femme d'honneur
Séries & TV / Critique - écrit par iscarioth, le 23/08/2005 (
Qui peut bien être une femme d'honneur ?
Sur TF1, la femme d'honneur se nomme Isabelle Florent. Elle a la quarantaine, est du genre bien conservée et élève seule son préadolescent de fils. Notre femme d'honneur travaille pour la gendarmerie nationale, au grade d'adjudant-chef. Son caractère ? Comment dire... Notre femme d'honneur est... Parfaitement parfaite. Intelligente, raisonnée, logique, pondérée, elle allie avec justesse force et tact, compréhension et intransigeance, pédagogie et dirigisme. Les rares fois où Isabelle s'emporte, c'est par trop plein d'humanité. Au final, notre femme d'honneur est aussi transparente et fade que peut l'être la perfection.
Le ridicule et la nullité
La première diffusion d'Une femme d'honneur sur TF1 remonte au 21 Novembre 1996. Presque dix ans. Une longévité qui permet à la série policière française de venir s'asseoir sans rougir aux cotés des deux grands monstres du genre de la chaîne : Navarro et Julie Lescaut.
A l'instar des deux séries maîtresses du genre, Une femme d'honneur saute à pieds joints dans les abysses de la médiocrité. Commençons par le plus apparent : la médiocrité générale des acteurs. Il est étonnant de voir à quels points des acteurs et actrices enchaînant les téléfilms à un rythme soutenu continuent avec la même régularité à jouer aussi mal. Corinne Touzet, Pierre-Marie Escourrou et autres Xavier Clément, formant le groupe central de la série, ont toutes les peines du monde à communiquer un soupçon de vraisemblance au spectateur. Le pire reste très certainement la prestation moyenne des seconds rôles, qui ont une responsabilité souvent essentielle dans le déroulement de l'intrigue (celui de victime ou de bourreau) et qui jouent terriblement mal, à un point que cela en devient parodique. Il y a ceux qui récitent leur texte comme un gamin introverti déballe un poème imposé par l'instituteur devant sa classe de CM2. Et puis il y a ceux qui tentent de pénétrer leur rôle et de faire croire... Allez savoir laquelle de ces deux catégories d'acteurs est la plus risible. C'est une question de goût. On touche vraiment le fond lorsqu'un second rôle interprétant une victime doit mimer la détresse ou l'effondrement face à un drame. Ça sanglote sans trembler, ça pleure sans verser une larme... Nos pauvres petits acteurs en herbe ont toutes les peines du monde à se montrer un minimum crédible.
Le scénario
La caméra DV vient renforcer un peu plus cette impression d'amateurisme. Evidemment, certains s'en sortent mieux que d'autres. Quelques acteurs arrivent même parfois à impressionner dans certains épisodes. Mais la chose est rare. Le scénario est généralement très linéaire : jamais de twist, rarement de longues fausses pistes, des enquêtes à durée invariable, des suspects qui se succèdent sous les yeux du spectateur à un rythme régulier... L'introduction est réglée rapidement. Une très large place est réservée à l'enquête. Cette enquête, menée de main de maître par notre adjudant-chef Isabelle Florent, est ponctuée par quelques scènes d'action. Il y a les interventions de la Gendarmerie nationale pendant lesquelles Isabelle Florent désamorce l'esprit fou d'un psychopathe toujours très mal interprété en usant d'une psychologie ultra caricaturale. On a aussi des scènes d'infiltration ou de filature qui suscitent bien malgré elles de grands éclats de rire. Pas besoin d'être gendarme pour saisir le ridicule et l'amateurisme de certaines mises en scènes. Les scénaristes ont balisé très simplement leurs histoires. La petite dizaine de suspects que le téléspectateur retrouve à chaque épisode est très typée. On retrouve toujours un peu la même typologie de personnages. Les simplets, les obtus, les naïfs, les râleurs, les machiavéliques, les fourbes...
Réalisation et bande son
La réalisation est quant à elle assez neutre, comme souvent dans ce genre d'exercice. Il y a une grande constance des plans rapprochés mobiles, qui essayent tant bien que mal de donner une impression de mouvance à un récit désespéramment lent. La bande son est quant à elle assez légère. Un peu de musique tambourinée lors de courses en voiture, quelques notes de piano pour soutenir les moments de grande émotion, que l'on compte au moins au nombre de cinq par épisode. Coté réalisation, le summum est atteint lors du final, toujours un happy end familial. Isabelle Florent, son fils Nicolas et souvent une tierce personne pour la grande embrassade finale, immortalisée en un plan fixe sur lequel défile le générique de fin.
Très terne, sans beaucoup d'humour, sans véritablement non plus se faire reflet des moeurs ou des réalités sociales d'aujourd'hui comme la série PJ, Une femme d'honneur évite tout de même un certain nombre de clichés sociaux qui ne nous sont pas épargnés dans Julie Lescaut ou Navarro, par exemple. Inoffensif... mais médiocre.