Jericho - Saison 1
Séries & TV / Critique - écrit par gyzmo, le 10/11/2006 (Tags : episode jericho jake saison green hawkins ville
Badaboum BOUM !
Oh ! Du post-apo sur le petit écran ? En voilà de l'excitante initiative ! Surtout, j'imagine, dans l'esprit de tous ceux qui, comme moi, adorent ce genre, ont trouvé leur eldorado aux travers des mésaventures de Max Rockatansky, des folies de Hoppy Harrington, des planches de Akira ou du tatanage de mutants dans Fallout ! Ah ! Que de bons souvenirs tout ceci remet à jour ! Que de profonds espoirs l'on serait en droit de projeter dans ce Jericho au pitch prometteur ! De quoi se sentir l'envie d'aller courir nu sur les Champs-Élysées en criant : « Tous aux abriiiiiiiis ! », non ? Puis tout d'un coup, c'est le drame : aux origines de cette production, le nom de Jon Turteltaub fait surface. Et avec lui, le souvenir de grands chefs d'oeuvres cinématographiques tels que Ninja Kids ou Rasta Rockett - pour ne citer que les meilleurs. Au fait, tant que je suis dans la désillusion et la panique totale : vous aimez les productions légères à la Aaron Spelling ?
Ca te barbera © 2006 CBS Broadcasting Inc Une fois n'est pas coutume, un seul paragraphe suffira pour balayer convenablement de ma grille des programmes ce Jericho, série catastrophique - dans tous les sens du terme - de la chaîne CBS. Brouillonne et répétitive, la réalisation n'arrive pas à la cheville des autres prétendants à l'utra-audimat. Plutôt correct mais sans réelle étincelle, le jeu des comédiens n'a rien de transcendantal. Barbantes à souhaits, les situations vécues par leurs personnages (dotés de charismes d'huîtres atomisées) sont sûrement pour beaucoup dans cette hécatombe de platitude. Car au milieu d'un monde censé s'écrouler, tension et vent de panique appropriés sont balayés par le sang froid et l'héroïsme. Là où les retombées nucléaires et le soulèvement d'une poussière étouffante auraient pleinement leur place, c'est l'ambiance chaleureuse et proprette qui continue d'exister. Et il faut attendre longtemps les retombées de l'inévitable chaos qui, face à la bravoure surhumaine de nos petits héros, peine à prendre l'ascendant sur l'ordre. Tout est sous contrôle ou le devient rapidement. En plus de ce marasme dégoulinant de bons sentiments et de multiples intrigues amoureuses dignes de Santa Barbara ou Beverly Hills 90210 - pour ne citer que les meilleurs too - les scénaristes ne peuvent pas s'empêcher de mettre systématiquement en orbite ce bon vieux patriotisme américain, cet amour biblique du prochain et cette idée d'une rédemption pour tout être. Avouez que pour une série se voulant post-apocalyptique, tous ces ingrédients - nobles mais irritants - sont quelque peu déplacés. La bombe atomique et ses conséquences seraient-elles un simple prétexte pour traiter autrement des problèmes de couples, de familles et communautaires ? A moins que l'origine de cette mise en quarantaine ne soit autre, le scénario étant tellement douteux qu'on pourrait s'attendre à voir débarquer dans ce drame tout et n'importe quoi.
Bien sûr, comme toute série TV avec du pognon dedans, Jericho se libère quelque fois de son image trop encenseuse. Il faut cependant reconnaître que, même distillés au compte-gouttes dans une tonne de déchets radioactifs préfigurés par des histoires secondaires insipides, des éléments de la trame principale intriguent, tiennent en haleine un jour non l'autre. Malgré tout, il m'a été difficile d'aller au bout, d'éprouver une quelconque accoutumance face à cette série blafarde, surfant avec malice sur le choc post-traumatique du 11/09. Face au succès mitigé de leur little boy - et parce que les fans le valent bien - les producteurs ont d'ailleurs eu du mal à accorder une seconde chance aux habitants de Jericho. Si l'annonce d'une seconde saison a été effectivement planifiée, elle devra se contenter de quelques épisodes pour clôturer son plan d'attaque. Mais d'ici là, nous ne serons peut-être plus de la partie pour en être les témoins...