Julie Lescaut
Séries & TV / Critique - écrit par iscarioth, le 17/01/2006 (Tags : julie saison lescaut veronique genest series jean
Les séries françaises se portent... "bien"
On relance souvent le débat de la qualité des séries policières françaises, paraît-il mille fois inférieures à leurs cousines américaines. Il est vrai que le paysage audiovisuel français est inondé de séries états-uniennes et que chaque année, leurs succès s'enchaînent. Mais en regardant de plus près du coté des mesures d'audience, on se rend compte que les productions françaises ne sont pas aussi malades qu'on le dit... Ou tout au moins pas toutes. A chaque diffusion, c'est entre sept et dix millions de téléspectateurs qui suivent les enquêtes de Julie Lescaut. Presque à chaque fois que le téléfilm est diffusé, TF1 arrive très largement en tête des audiences, avec en moyenne 35% de part de marché. Une véritable réussite, sur le long terme qui plus est, puisque la série a été lancée il y a bien des années, en 1992 ! Sur la liste des séries phares de TF1, seul Roger Hanin peut se targuer d'une réussite sur une plus grande distance encore, avec un Navarro datant de 1989 !
Ne vous fatiguez pas, on connaît l'histoire
C'est justement autour d'un pitch quasi identique à celui de Navarro que Julie Lescaut s'organise. Un policier, entre le stress de sa vie professionnelle trépidante et les petits tracas du quotidien et de la vie de famille. Voilà comment l'on peut résumer Navarro, mais aussi Julie Lescaut, la seule différence entre les deux étant qu'avec Julie Lescaut, le "flic" est une femme... Les scénarios de Julie Lescaut sont semblables à ceux de tas d'autres séries policières françaises : un crime initial, à la base de l'épisode et un long cheminement pour retrouver le coupable et le livrer à la justice. Entre l'exposition du problème et son implacable et inévitable solution, une heure trente de péripéties. Et oui, les enquêtes, chez Julie Lescaut comme ailleurs, se livrent toutes au même rythme. Pendant une heure trente, donc, le téléspectateur a droit à un nombre incalculable de fausses pistes, enchaînées sans transition. Les suspects défilent sous les yeux du téléspectateur pour qui il est difficile d'anticiper un dénouement... Jusque dans les quinze dernières minutes et la traditionnelle scène d'action, avec l'intervention de la police, à savoir Julie Lescaut et son équipe en personne.
Travail, famille...
Forcément, en filigrane, une histoire parallèle vient souvent se greffer à l'intrigue policière et traite de la vie des proches de Julie Lescaut : l'une de ses deux filles, la plupart du temps. Evidemment, Julie Lescaut est une super maman en plus d'être un commissaire de choc. Très prise par son travail, elle trouve tout de même toujours suffisamment de temps à consacrer à ses deux filles. On retrouve à peu près le même schéma familial que dans Une femme d'honneur et Navarro : une famille monoparentale (pas d'homme à la maison chez Une femme d'honneur, de même chez Julie Lescaut, divorcée), quelques problèmes relationnels légers et passagers avec les enfants, liés à leur jeune âge. Travail, famille... Reste la patrie. Julie Lescaut est une série qui se donne pour but de donner une bonne image de la police. Alors qu'avec P.J., l'objectif est de montrer des policiers avec leurs faiblesses, mais toujours très en rapport avec les problèmes de leur temps (d'où la connotation parfois très sociale de la série), avec Julie Lescaut, on reste dans le vague. Le téléfilm s'attache à montrer une police composée de minorités : une femme commissaire et des policiers de couleur avec N'Guma (Mouss Diouf) et Zora (Samia Sassi). Julie Lescaut s'attache souvent à démontrer le mépris et la méfiance qu'inspirent les "flics" à la population, mais sans jamais ouvrir de débat social. On ne soulève presque jamais de questions de société et les crimes perpétrés ne dévoilent que rarement des comportements et phénomènes pertinents.
Une qualité ?
Julie Lescaut est tout de même souvent moins mauvais que Navarro ou une Femme d'honneur. Le principal point fort de la série, ce sont quelques uns des acteurs principaux. On s'accorde facilement sur la médiocrité d'un Mouss Diouf et sur la fadeur et la transparence d'une Véronique Genest, qui incarne la femme-flic parfaite : jamais de bavure, un profond respect pour chacun et une autorité de fer. On sera par contre très surpris de deux autres acteurs aux rôles importants dans la série : Renaud Marx (Kaplan) et Alexis Desseaux (Motta), qui relèvent parfois le niveau de jeu de leurs camarades. C'est à peu près la seule qualité que l'on peut trouver à la série. Ne vous attendez pas à des scénarios difficiles, à des subtilités machiavéliques ou a une forte ambiance "polar" en regardant Julie Lescaut. La série est typique de ce qu'est habituée à faire la France en matière de séries policières depuis des années... Après tout, si l'audience est bonne, pourquoi changer ?