9/10Keen Eddie - Saison 1

/ Critique - écrit par Aurélie, le 02/01/2006
Notre verdict : 9/10 - Eddie, un ami qui vous veut du bien (Fiche technique)

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Chercher une série sortant un tant soit peu de l'ordinaire parmi l'océan d'ersatz de Friends, de Buffy ou de New York : Unité Spéciale revenant à chercher une aiguille dans une botte de foin, je vous propose de découvrir Keen Eddie, une série originale, à cheval entre les States et le Royaume Uni, qui nous rappelle, à juste titre, les vertus thérapeutiques du rire.

Eddie Arlette (Mark Valley) est détective à la police de New York. Il est suffisant, méprise l'autorité et a un chien parfaitement exécrable, pour ne rien arranger. Mais il est beau, ce qui ravira la gent féminine, et drôle. Lors d'une mission importante concernant le démantèlement d'un réseau de drogue, Eddie fait tout rater, pour avoir fait confiance à une femme qui avait de jolis yeux. Son patron saute sur l'occasion pour l'expédier à Londres, ville où le réseau est censé avoir déménagé, selon certaines sources.
Eddie se retrouve donc en Angleterre, après quelques péripéties où l'on apprendra comment tomber malade en avion ou se débarrasser de son chien en le laissant en quarantaine à la douane. De belles leçons de vie.
A Londres, les choses ne s'arrangent pas. Eddie s'aperçoit que l'appartement qu'il devait louer est squatté par la fille de la proprio, Fiona Bickerton (Siena Miller). Celle-ci sèche les cours de l'université sans en avoir informé sa mère. Pour préserver le secret, elle accepte de cohabiter avec Eddie. Entre ces deux là naît bientôt une haine cordiale.
Au bureau, il se retrouve affublé d'un coéquipier, Monty Pippin (Julian Rhind-Iutt), un amateur d'échangisme qui prétend être marié pour faire partie d'un club très fermé, doté de surcroît d'un humour British et d'un coté frimeur. Le courant passe très vite entre eux.
Les enquêtes se succèdent, mettant en scène des méchants assez crétins dans des intrigues toutes plus farfelues les unes que les autres.
Malgré cet aspect peu crédible, le résultat est là : vous restez scotché à votre écran ? Vous avez mal aux abdominaux et aux zygomatiques ? Vous voulez en voir plus ? Ce sont les symptômes généralement provoqués par le visionnage de Keen Eddie. Alors, pourquoi ça marche si bien ?

Premier ingrédient : une apparence jeune, surfant sur la mode du « je secoue ma caméra dans tous les sens et c'est joli ». Notons tout particulièrement l'utilisation du travelling avant avec un effet saccadé. Cela permet soit d'accélérer le rythme de l'histoire, soit de mettre en avant un objet particulier qui a un intérêt pour l'intrigue, comme les boîtes d'allumettes que le héros collectionne.
La musique est dans la même veine : en général, l'épisode s'étale sur un fond de musique électro, utilisée en répétitions, avec un même passage apparaissant plusieurs fois.
La réalisation permet donc de donner à Keen Eddie un rythme très soutenu ; les scènes d'action en particulier sont mises en valeur par l'image et le son. S'il n'y avait que ça, Keen Eddie serait déjà une série sympa. Mais il faut y ajouter l'humour, le jeu des acteurs et l'intrigue parfaitement maîtrisée.

Keen Eddie n'est absolument pas une série policière normale, banale, que l'on pourrait comparer aux Experts par exemple. L'intrigue n'est pas très épaisse ; contrairement aux habituelles séries où le scénario s'occupe de deux enquêtes par épisode, ici il n'y en a qu'une. C'est que, dans Keen Eddie, la part belle est laissée aux personnages et à leurs relations.
Ainsi, l'intrigue semble parfois n'être qu'un prétexte à cette fourmilière de sentiments.
Le genre de Keen Eddie est assez particulier : l'on hésite ainsi, d'un épisode à l'autre, entre le policier, la comédie et la sitcom sentimentaliste. Le spectateur peut être au début perturbé par ces changements de genre, mais fort heureusement, il s'y fera vite et aura l'impression de profiter d'une série 3 en 1.
Keen Eddie est servi par des acteurs qui incarnent à merveille leur rôle. Ca paraît évident, pourtant la qualité du jeu des acteurs est souvent faible dans les séries télévisées. Ici, la seule chose que nous pouvons leur reprocher, c'est de parfois surjouer, mais cela s'intègre parfaitement à l'esprit de la série. Les rôles sont à la fois stéréotypés (l'Anglais à l'humour bizarre, l'Américain hautain, la colocataire sexy, les méchants stupides...), et très décalés, voire marginaux ; preuve en est Pippin, qui accumule les conquêtes féminines et drague à tout va. Ainsi, la surenchère de répliques sanglantes et de mimiques amusantes donne à Keen Eddie de faux airs de parodie et met en valeur l'humour décalé et so British.

A la fois drôle, beau, intéressant et délicieusement agréable à regarder, Keen Eddie aurait bien pu être la meilleure série de tous les temps, si seulement elle n'avait pas été arrêtée à la fin de la première saison. Heureusement, les amateurs de séries pourront la regarder sur la chaîne Comédie !, en attendant une très hypothétique sortie en DVD pour la France.