9/10Les Experts - Epilogue Saison 5 : Grave danger

/ Critique - écrit par JC, le 20/11/2005
Notre verdict : 9/10 - Gravement bien ! (Fiche technique)

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Critique du double épisode final Grave danger, réalisé par Quentin Tarantino

Série policière créée en 2000 et produite par Jerry Bruckheimer, Les Experts (CSI) est le show le plus regardé aux Etats-Unis (Entre 20 et 25 millions de téléspectateurs chaque semaine sur CBS). Il relate les enquêtes de l'équipe de nuit de la police scientifique de Las Vegas. Les raisons d'un tel succès sont diverses en voici quelques unes : une brochette d'acteurs charismatiques, des scénarii tortueux, une intégration des nouvelles technologies qui rompt définitivement avec la vielle école Columbo et bascule de la déduction liée au flair digne de Sherlock Holmes au regard positiviste high-tech pur. Forte de ce succès, Crime Scene Investigation a généré deux spin-offs, CSI : Miami et CSI : Manhattan.

Quentin Tarantino (Pulp Fiction, Kill Bill), amateur de culture pop, n'est pas seulement fan des films de la Shaw Brothers ou des westerns arides, il aime aussi les séries. En effet, ce n'est pas la première fois qu'il fait un tour du côté du petit écran. Déjà réalisateur d'un épisode d'Urgences (Maternité s1e24), guest star d'Alias, le metteur en scène de Reservoir Dogs prouve une nouvelle fois son amour du format tv en réalisant le double épisode final de la cinquième saison des Experts.

Habituée aux histoires sordides, avec Tarantino aux commandes, l'équipe va devoir franchir un palier sur l'échelle de la situation dramatique : le kidnapping d'un de ses membres, Nick Stokes, par un mystérieux individu aux motifs bien flous. Cet enlèvement n'est pas un enlèvement ordinaire, l'agent Stokes est enterré vivant dans un cercueil de plexiglas équipé d'un magnétophone lecteur/enregistreur, de bâtonnets lumineux, et d'un pistolet chargé (pour en finir plus vite), le tout filmé par une webcam. Une course contre la mort débute...

La nuit à Vegas se plie aux exigences du cinéaste. Point de poncifs liés aux lumières multicolores des casinos et autres lieux de fêtes de la ville du jeu, ici la nuit est Noire, inquiétante, d'une pureté écrasante. L'éclairage artificiel des néons, des moniteurs 19 pouces découpent le décor de façon chirurgicale sur les plans larges et, sur les gros plans, donnent aux visages inquiets des comédiens, ce grain inquiétant de personnes soucieuses du sort d'un collègue. En trois plans il réussi à mettre une ambiance. C'est ahurissant.
Les mouvements de focales, rapides, caméra à l'épaule dans le labo de la police scientifique, ou les travellings donnent du rythme à une histoire d'enlèvement qui pourrait s'avérer statique.
Un habillage visuel 5 étoiles, ciselé et d'une qualité rarement vue dans une série TV.

Mais Tarantino ne se contente pas de marquer visuellement de son empreinte cet épisode, il y inclut aussi son univers musical grâce à la chanson country Lucky too de Bob Neuwirth et son côté décalé par des dialogues et situations cocasses, notamment avec un cameo de Tony Curtis et Frank Gorshin ou lors d'une autopsie gore filmée en noir et blanc.

Car en passant du grand écran au petit, la violence caractéristique des films de Tarantino, et par là son identité même, aurait pu passer à la trappe. Surtout dans un programme regardé par 20 millions de téléspectateurs chaque semaine sur un network de renom comme CBS. Mais non, même s'il y a moins de sang, la violence psychologique est omniprésente, parfois proche du sadisme. Ainsi, un scénario basique comme celui du rapt n'en reste pas moins efficace. Les rebondissements se multiplient jusqu'à l'absurde. Sans qu'on puisse arrêter de malaxer les accoudoirs de son fauteuil pour autant. La claustrophobie atteint son paroxysme. La torture subie par Nick Stokes enfermé dans sa cage de plexiglas gagne le spectateur qui suffoque lui aussi, lequel n'oubliera pas de boire de l'eau régulièrement pour ne pas tourner de l'oeil. C'est vrai ce serait dommage.

Au final l'association les Experts/Tarantino livre un des meilleurs épisodes de la série, voire un des meilleurs épisodes de séries policières de tous les temps. Plus violent et plus noir que d'habitude, "Grave danger" condense tout le stress d'une bonne saison de 24 en 1h24. Emotions fortes garanties.
Un épisode qui redonne foi en l'idée que la télévision est bel et bien, par moment, le huitième art et qu'il est possible de marier popularité et exigence.