7.5/10Mission: impossible

/ Critique - écrit par riffhifi, le 12/10/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Saison 1 (Fiche technique)

Tags : mission impossible film cruise tom cinema action

Une série en or, qui dura malheureusement trop longtemps et fut ensuite dépossédée de son essence par Tom Cruise.

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Le label Mission: Impossible appartient peut-être aujourd'hui à un certain scientologue court sur pattes, mais on le doit à l'origine à Bruce Geller, créateur de la série et de sa suite. En 1966, la première saison révolutionne le genre pourtant galvaudé de l'espionnage. Quarante ans plus tard, la série reste un modèle du genre, trônant sans pâlir aux côtés des autres perles des années 60, premier âge d'or de la télévision...

L'Impossible Mission Force, ce gang de choc, entité non-officielle chargée d'accomplir des missions pour l'état bien que celui-ci « nie toute connaissance de leur activité », peut paraître aujourd'hui un brin contestable : intervenant dans les affaires de pays étranger pour en changer le gouvernement, usant de méthodes qu'on pourrait assimiler à de la torture psychologique... A plus d'un titre, la série pourrait être accusée de véhiculer les valeurs les plus interventionnistes de l'Amérique « police du monde ». Sauf que dans Mission: Impossible, ce qui compte, ce sont les plans. Plans de l'opération, qui consiste à monter un puzzle insensé pour piéger un ennemi qui est de toute façon une irrécupérable ordure ; et plans cinématographiques, à base de cadrages serrés et de zooms avant-gardistes souvent repris dans le générique explosif (qui constitue pour chaque épisode une mini bande-annonce, rythmée par la musique légendaire de Lalo Schifrin).
Une fois admis que chaque épisode constitue un petit film policier aux rouages soigneusement étudiés et au scénario quasi-architectural, le plaisir à en retirer est immense.

Saison 1 : pas de Jim Phelps !

Dan Briggs
Dan Briggs (Steven Hill)
On oublie trop souvent que la première équipe n'était pas dirigée par le grisonnant Jim Phelps, figure aujourd'hui emblématique de la série, mais par Dan Briggs, interprété par Steven Hill. Le reste de l'équipe est constitué de Barney Collier (
Greg Morris), spécialiste de l'électronique et de gadgets en tous genre, Willy Armitage (Peter Lupus), un monsieur Muscle taciturne mais vif d'esprit - Barney et lui seront les seuls personnages à traverser les sept saisons de la série d'origine ; et bien sûr, Martin Landau et Barbara Bain, le couple que l'on retrouvera quelques années plus tard dans Cosmos 1999, interprètent Rollin Hand « l'homme aux mille visages » et Cinnamon Carter (cinnamon voulant dire cannelle en anglais), la femme fatale du groupe.

Cette première saison, bien que brillante à plus d'un titre, souffre de la présence trop transparente de Dan Briggs ; son personnage paraît même si peu indispensable que la direction de la mission échoit lors d'un épisode à Cinnamon Carter. Il manque donc une figure charismatique pour élever l'équipe et la série à son pinacle.

Saisons 2 à 5 : les années classiques

Rollin Hand (Martin Landau)
Rollin Hand (Martin Landau)
Dès la saison 2, Jim Phelps (Peter Graves) prend la direction des opérations sans transition. Le reste de l'équipe reste identique durant les saisons 2 et 3. Les épisodes, bien qu'écrits avec une qualité égale, prennent une saveur supplémentaire avec ce chef qui paraît plus impliqué dans les missions, et entretient des relation plus humaines avec ses équipiers. Si la majeure partie des histoires montrent toujours les personnages comme des professionnels consciencieux et avares d'émotions (normal, ils jouent un rôle pendant tout l'épisode), certains les placent en situation de réagir avec leurs tripes, montant parfois une mission de leur propre initiative pour sauver l'un des leurs. En revanche, jamais ne sera abordée la question de leurs motivations : pourquoi faire partie d'une organisation secrète, où tous les risques sont pour leur pomme, sans aucune récompense (on ignore même s'ils sont payés, et on sait de toute façon qu'ils gagnent bien leur vie par ailleurs) ? Sans doute un soupçon de patriotisme, mais surtout un sens moral en acier trempé, car si les opérations qu'ils accomplissent sont parfois menées pour la protection directe des Etats-Unis, elles ont en général pour but de préserver l'intégrité physique ou morale d'une personne ou d'un pays.

Dans la saison 4, Barbara Bain et Martin Landau quittent le navire, occupés qu'ils sont à préparer Cosmos 1999. Le deuxième est remplacé par Leonard Nimoy (Spock de Star Trek !) dans le rôle de Paris, un personnage sensiblement similaire à Rollin Hand. Du coup, la touche féminine manque un peu dans les saisons 4 et 5, malgré les apparitions occasionnelles de Lesley Ann Warren dans le rôle de Dana Lambert. Toutefois, la saison 4 renferme sans doute certains des meilleurs épisodes de la série, avec la saison 3.

Saisons 6 et 7 : l'essoufflement

Peter Graves
Jim Phelps (Peter Graves)
Faire évader des prisonniers, empêcher les dictateurs d'accéder au pouvoir... Arrivés à la sixième année, les scénaristes finissent par peiner à renouveler les missions. Le manque d'inspiration commence à se faire sentir, et la situation est aggravée par le départ de Leonard Nimoy / Paris, qui n'est remplacé "que" par Lisa Casey (Linda Day George). Si la présence d'une femme dans l'équipe est évidemment salutaire, on ne peut que regretter la cruelle absence d'un personnage transformiste, qui synthétise à lui seul le concept de cette série bâtie sur la mise en scène et le déguisement. Les deux dernières saisons accusent donc une certaine baisse de régime, et se regardent plus distraitement que les précédentes. On s'amusera cependant des costumes de plus en plus branchés de Jim Phelps (nous sommes désormais au début des années 70), qui paraît néanmoins de plus en plus âgé...

20 ans après : une résurrection pâlichonne

En 1988, Bruce Geller réalise que Peter Graves est toujours relativement en forme, et que ses cheveux ne seront jamais plus blancs que dans la série d'origine. Il lui propose donc de faire revivre Mission: Impossible en recrutant une équipe de jeunots sur le modèle de l'ancienne. Sitôt dit, sitôt fait : le monsieur Masque s'appelle Nicholas Black (Thaao Penghlis), le monsieur Muscle Max Harte (Antony Hamilton), et le monsieur Gadget est Grant Collier, le fils de Barney (joué par Phil Morris, le fils de Greg !). Quant à la femme fatale, il s'agit d'abord de Casey Randall (Terry Markwell), bientôt remplacée par Shannon Reed (Jane Badler, la Diana de V).

Phil Morris
Grant Collier (Phil Morris)
Le problème majeur de cette nouvelle série, c'est son incommensurable paresse. Visible dès le générique (standardisé au lieu d'être personnalisé pour chaque épisode comme l'ancien), elle anime les scénarios à coups d'intrigues simplettes, de remakes de vieux épisodes, et même d'aberrations dans la deuxième saison : Jim Phelps abat deux hommes en duel dans un simili-Far West (alors que la violence physique n'est jamais employée par les membres de l'équipe dans la série d'origine), ou encore affronte une momie dans une histoire digne d'un mauvais Scoubidou.

L'ambiance eighties rend l'ensemble amusant à regarder, mais la qualité indigne de son prédécesseur a empêché cette resucée de dépasser la deuxième saison.

La suite, on la connaît : Tom Cruise a récupéré les droits du titre et de la musique pour constituer une série de films-dont-il-est-le-héros. Si le premier sort du lot grâce au talent de Brian De Palma (qui signait peut-être là son dernier grand film) et à la présence du personnage de Jim Phelps, les deux autres ne sont que des films d'action sans rapport avec le concept de base (et versant même dans le nanar risible dans le cas du deuxième opus).

Sous le nom Mission: Impossible se cachent donc plusieurs réalités différentes. Et la première, venue du fond des années 60, mérite encore largement le coup d'œil.