2/10Toute une histoire

/ Critique - écrit par iscarioth, le 15/09/2006
Notre verdict : 2/10 - Sacré Jean-Luc ! (Fiche technique)

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Jean-Luc Delarue, l'un des ténors de la deuxième partie de soirée de la télévision française, a choisi la rentrée 2006 pour se lancer un nouveau défi : conquérir le début de l'après midi, en quotidienne. Un pari difficile. Il est vrai que depuis la disparition de C'est mon choix, le service public n'a pas su trouver de relève téléréalité efficace.

Public cible ?

Qui regarde la télévision, en semaine, à 14 heures ? Soyons clair et ne nous voilons pas la face. A part quelques paumés en RTT ou atteints d'une bronchite, le plus important des gens devant leur télévision à ce moment de la semaine sont les retraités. Les quoi ? Les vieux. La preuve, c'est que sur les chaînes concurrentes, aux mêmes horaires, on retrouve Les feux de l'amour (TF1) et Derrick (FR3), deux programmes qui mobilisent un public plus vraiment de première fraîcheur. Alors, Delarue s'adapte à la tranche horaire, ou la tranche horaire s'adapte à Delarue ? Un peu des deux. Toute une histoire se montre dans la lignée de « Ca se discute - Jour après jour - Les jours d'après - et blablabla » tout en franchissant encore un palier sur l'échelle de la médiocrité et du voyeurisme (on la croyait longue, cette échelle, elle est en fait bien plus démesurée qu'on l'aurait estimé). Explications !

La foire aux excentriques

Notre bon Jean-Luc a toujours de bonnes idées pour exploiter... Pardon, pour diffuser la grandeur d'âme humaine. Il présente son émission en expliquant qu'elle n'a pour but que de raconter des histoires touchantes, qui peuvent amener tout un chacun à réfléchir, à partager, à se recueillir. Ben voyons. Des mini reportages sont diffusés, Delarue reçoit ensuite les sujets de ces reportages sur son plateau. Les cas choisis sont toujours bien évidemment de très grande extravagance. Des gens dont on peut facilement se moquer. Les reportages introduisent le sujet, doivent caractériser l'invité qui va débarquer sur le plateau. Ces portraits sont réalisés à la manière de ceux qui parsèment l'émission Y'a que la vérité qui compte de TF1. Pas de narratrice à la voix suave, mais le même overdosage d'effets visuels et sonores, le même montage d'éléments typés et/ou ridicules mis bout à bout. On filme les gens se couvrir de ridicule, pleurer, déballer leur vie... Et, innovation terrible, on va même jusqu'à les faire jouer leur propres rôles dans de vagues reconstitutions qui servent à illustrer par l'image leurs propos ! Grands moments de ridicule. Ces reconstitutions ont été mis en place pour la première fois de l'année à la téléréalité par la Star Ac 6, qui a dépeint les « élèves » de sa « promotion » en faisant jouer des scènes de leurs propres vie. Une très bonne technique pour renforcer les archétypes.

Le nouveau Jean-Luc !

La nouvelle émission de Delarue assume donc encore plus franchement et ouvertement sa nature télépoubelle par ses reportages. Mais pas seulement. Delarue lui-même change son image. Rappelez vous l'homme à l'oreillette, droit dans son costume noir, un visage à la symétrie parfaite, l'air scientiste, lâchant juste quelques petites blagues ça et là histoire de détendre l'atmosphère. Fini, ce personnage là ! Place au nouveau Jean Luc ! Toujours aussi classe, mais d'une nature différente. Le nouveau Jean-Luc se veut « decontract », la gestuelle plus reposée. Delarue est assis confortablement sur son canapé, accoudé sur le rebord et les jambes croisées. L'humaniste-scientifique devient humaniste-blagueur. A un rythme bien régulier, Jean-Luc Delarue fait rire le public en plateau (sûrement drogué), souvent en se moquant des particularités des invités, en les taquinant. Delarue casse son image, il n'est plus celui qui interroge, il est celui qui discute. Il n'est plus médiateur mais acteur et animateur. Après les portraits, Delarue enfonce le clou sur le plateau. Delarue propose le partage d'une réalité par le biais de la discussion. En réalité, on a droit aux déballages impudiques de vies tourmentées, qui doivent en plus passer par la caricature et le voyeurisme des portraits pour être évoquées. On ne partage pas, on pointe du doigt. Un partage aurait signifié une discussion, un échange collectif.

Trois neuneus, un people et au lit

ien évidemment, toujours pour se donner bonne conscience et des allures d'émission pédagogique, sont invités des psychanalystes en tout genre qui viennent sur le plateau expliquer la normalité ou l'anormalité des invités décortiqués. Au début, on serait tenté de croire que Delarue prend parti pour l'un ou l'autre de ses invités, lorsqu'il y a opposition. En réalité, il ne fait que titiller chacun à tour de rôle, pour faire réagir. A la fin de chaque émission, est invité un acteur, présent dans l'actualité du cinéma. On diffuse la bande annonce de son film et on le fait discuter sur un thème tout autre et bien souvent futile. Un people pour clôturer une émission d'une heure, avec, cerise sur le gâteau, un appel à témoin édifiant de crétinerie.

Un plateau plus petit, plus intimiste, pour une progression nette sur l'échelle de la crétinerie et du voyeurisme. Delarue commence à assumer la nature profonde de ses émissions. Félicitons-le.