Hero Corp - Saison 1
Séries & TV / Critique - écrit par riffhifi, le 27/07/2009 (Tags : hero corp john saison episode astier village
Le petit frère d'Alexandre Astier tente de faire son propre Kaamelott en surfant sur le courant apparemment inépuisable du super-héroïsme. Le résultat est lourd, paresseux et (argh) pas drôle.
La télévision française ne réserve pas beaucoup de vraies grandes bonnes surprises. Arrivée désormais à son livre 6, la série Kaamelott a dévoilé les trésors d'inventivité, de drôlerie et de talent narratif de son auteur-réalisateur-interprète Alexandre Astier : prenant appui sur les légendes arthuriennes, il y développe son propre univers cocasse et décalé, qui a glissé progressivement vers un sérieux surprenant. Son demi-frère Simon, qui jouait Yvain dans Kaamelott, a décidé de prendre son envol en proposant Hero Corp, une nouvelle série dans le même
esprit, consacrée à un thème en vogue depuis une dizaine d'années : les super-héros...
Sans conteste, Simon Astier et ses compères scénaristes (Xavier Matthieu, aux oubliettes depuis H et La tour Montparnasse infernale, et Alban Lenoir, qui interprète Klaus dans la série) ont mangé une appréciable quantité de comics qu'ils ont assimilés dans les grandes lignes. Hero Corp possède pas mal de similitudes avec les X-men, évoque la série à la mode Heroes et joue sur le même concept de super-héros ridicules que le film Mystery Men. Sans rentrer dans le détail, l'intrigue suit les pas de John (Simon Astier) dans un village du fin fond de la France où sont parqués une bande d'ex-super-héros retirés des affaires. Lorsque se dresse devant eux le super-vilain The Lord (Christian Bujeau, qui jouait le maître d'armes dans Kaamelott), les villageois aux pouvoirs moisis doivent s'organiser pour ressusciter leur panache d'antan. Dit comme ça, on pourrait croire qu'une certaine pêche traverse la série, où pourraient se croiser parodie et premier degré, France profonde et mythologie super-héroïque. En fait de quoi, Astier Jr. se contente de livrer un pénible recopiage de l'humour Kaamelott, étirant chaque épisode sur 25 minutes au lieu des cinq nécessaires à l'exposé de leur faible contenu. L'intrigue avance à pas de limace neurasthénique : il faut environ quinze épisodes pour raconter ce que le générique (de loin l'élément le plus classe de la série, illustré par le bédétiste Olivier Péru) résume en trente secondes dès le début. La réalisation amorphe ne laisse place à aucune tension dramatique, tous les personnages étant largement trop cons pour susciter la moindre empathie (ou antipathie) : prenant là aussi modèle sur Kaamelott, Simon Astier se donne le rôle principal du gars normal, perdu devant l'abyssale bêtise de ses congénères. Mais là où Arthur possédait en Lancelot un ami / rival / ennemi de taille, John se heurte d'un côté à la mesquinerie et l'inanité
d'un village peuplé de taches dont on peine à croire qu'ils aient été un jour des héros opérationnels, de l'autre à un méchant dont les projets flous se perdent dans la fabrication de fromage de chèvre.
Que l'intrigue mette dix épisodes à amasser autant d'évènements que n'importe quelle série américaine en assemble en un seul, passe encore. Que les personnages supplémentaires fleurissent parfois en dépit du bon sens (au bout de trois mois, John découvre encore des habitants jamais croisés auparavant, mouaif), pourquoi pas. Mais que l'humour pénible ne décolle jamais des idées poussives que l'on laisse surgir au cours des soirées pizzas (« eh les gars, et si on avait un perso qui lance du shampoing par les doigts ? - Ah ouais trop bon, et ce serait du shampoing doux ! »), c'est simplement la preuve qu'on ne devrait pas laisser un mec aux commandes d'une série sous le seul prétexte que son frère a cartonné avec la sienne, quelle que soit leur ressemblance physique et la capacité d'imitation du deuxième (phrasé, mimiques). La pauvreté d'écriture de la série n'est franchement pas compensée par son visuel ultra-cheap, qui ne fait aucun effort pour creuser la fibre "action-fantastique" et préfère tout miser - pas de bol - sur l'humour paresseux qui fait sourire une fois par épisode. Dommage, car les acteurs sont pros, et Maurice Lamy (qui joue ici Captain Cold) mériterait d'être enfin connu pour autre chose que son rôle mythique de bouteille d'Orangina Rouge.