6/10Heroes - Saison 1

/ Critique - écrit par gyzmo, le 03/11/2006
Notre verdict : 6/10 - 4400 fantastiques (Fiche technique)

Tags : episode bennet peter heroes matt sylar saison

Attention : Phénomène. Non de foire (quoique...), ni de société (... hum), mais plutôt en terme d'irradiation intergalactique. En effet, la toute récente créature de Tim Kring - démiurge de Crossing Jordan (2001), est devenu au fil de ses apparitions télévisuelles le nouveau cauchemar des concurrents de la chaîne américaine NBC...

Le jeune professeur indien Mohinder Suresh a fait le déplacement jusqu'à New York pour tenter d'élucider le meurtre de son père, taximan inconnu mais célèbre généticien dont les travaux reposaient sur le potentiel de certaines personnes à posséder des aptitudes extraordinaires telles que la lévitation, la régénération cellulaire ou la téléportation. Au même moment, en Amérique du Nord et au Japon, une poignée de gens vérifie par elle-même cette théorie plus ou moins fantaisiste en se découvrant ces super pouvoirs. Une aubaine pour eux : quelques super héros ne seront pas de refus pour sauver notre Terre d'un danger imminent (hé oui, encore !).

Attention : Phénomène. Non de foire (quoique...), ni de société (... hum), mais plutôt en terme d'irradiation intergalactique. En effet, la toute récente créature de Tim Kring - démiurge de Crossing Jordan (2001), est devenu au fil de ses apparitions télévisuelles le nouveau cauchemar des concurrents de la chaîne américaine NBC. Les composants de cette performance ? Un titre d'une originalité sans précédent (Heroes, au cas où vous auriez déjà oublié), une histoire se situant aux frontières de l'intellection par signification et conscience (les supers héros et leurs supers pouvoirs), des cliffhangers à gogo que même Stallone pourrait pas surmonter, un casting 100% émail diamant et brushing "parce que je le vaux bien". Je sais, je sais : énoncées rapidement comme je viens de le faire, les qualités de cette série apparaissent totalement alléchantes et je sens déjà poindre en vous un intérêt pantagruélique. Parti comme je suis, vous vous attendriez même à ce que la suite de cette chronique finisse de vous convaincre de la surpuissance de cette merveille, pas vrai ?

La Pompom girl indestructible

La Pompom girl indestructibleBingo ! Ce n’est pas tant une volonté d'aller contre les vagues de la Masse ou de jouer la carte de l'hypocritique qui me pousse à ironiser sur cette série. D’ailleurs, peu importe qu’un petit avis réservé sur ce "phénomène" voit le jour en ce bas monde. King Kirby sait combien Heroes n'a pas du tout besoin d'un nouveau point de vue promotionnel pour gonfler en popularité, comme en témoignent sa campagne publicitaire performante (à la limite du bourrage de crane) et ses records d’audience auprès du public américain. On comprend pourquoi : les débuts fracassants de Heroes ont permis à la douzaine d'épisodes de la première saison initialement commandés par NBC d’être allongée d'une dizaine supplémentaire (ce qui n'est pas toujours bon signe...). Car les faits objectifs sont là : malgré tous les défauts que je lui trouve, Heroes est une bonne réalisation dont le chant de ses sirènes, en partie conventionnel mais non dénué d'une certaine personnalité, est parvenu à séduire un bout de ma conscience (pas le plus dégourdi, cela dit) et me donner l'envie d’aimer… heu… de suivre de près son cheminement. D’emblée, la barre est placée haute. La mise en scène du pilote s'ouvre sur des images à la composition et aux mouvements fascinants, soutenues par une bande musicale brillante. Ces attentions esthétiques sont permanentes dans les chapitres et épisodes suivants, renforcées par un jeu d'acteurs vigoureux, un montage au rythme bien dosé, et de nombreux trucages discrets et très réussis, du plus poétique au modérément gore. La direction artistique tient sans problème la distance avec les principales références TV du genre, tout en hissant sa particularité au même rang qu'un bon gros blockbuster cinématographique. En ce sens, Heroes se positionne en tant qu'œuvre maîtrisée et minutieuse. Il n'en va peut-être pas autant pour sa dimension narratologique...
 

Hiro

Hiro Etre le témoin d'actes héroïques de surhommes, cela n'a rien de bien magique pour un téléspectateur à qui la lucarne - sans évoquer les autres médias, tout autant vérolés par le syndrome d'Homère - propose depuis des années lumières du protagoniste boosté au super (pas l'essence obsolète, hein, mais l'adjectif qualificatif). Heroes, en choisissant cette autoroute encombrée, n'avait pas beaucoup de chances de se démarquer de ses acolytes, qu'ils soient cobayes (mal)heureux de la Science, mutants rejetés par la société ou visiteurs survitaminés à l'hormone Extra-T. Il en va ainsi : les capacités dites "hors du commun" des créatures de Kring le sont sans doute dans le cadre diégétique de la série, mais au sein du vaste paysage audiovisuel, elles passent un peu inaperçues. Seul l'énigmatique personnage de Niki Sanders (Ali Larter) sort du lot. Pour le reste, il faut se contenter d'un recyclage peu étonnant et d'une vision de la dualité « super / contraignant » assez rudimentaire. Malgré ces conventions et les clichés qui l'accompagnent, Heroes arrive à séduire par le côté tourmenté de ses protagonistes, les situations dramatiques auxquelles ils sont confrontés, leurs parcours disparates, voire complémentaires et les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres. L'humour fait également son apparition au détour des aventures pleine d'enthousiasme de Hiro Nakamura (Masi Oka), pseudo bouffon attachant. Seulement, voilà : les grains de sable sont tellement nombreux que l’intrigue est sans arrêt noyée par des passages inutiles. Quant aux mystères qui flottent autour de l'origine des supracompétences de tout ce joli monde, les auteurs - spécialistes de l'univers comics - savent où mettre les pieds, greffant par-ci par-là des pistes scénaristiques suffisamment variées (manigance politique, drame social, guerre des clans, chasse au serial killer...) et intéressantes (bien que fourre-tout) pour susciter une légère accoutumance. Au début en tout cas.


Heroes

HeroesHeroes n’avait pas volé son démarrage en flèche Outre-atlantique, ne serait-ce que pour le soin apporté à sa conception qui puise ses forces dans le meilleur des séries TV d'Oncle Sam, à savoir de multiples personnages au destin commun, des rebondissements à foison, de nombreuses questions et quelques réponses. Dans la forme comme dans le fond, les références à l'univers des comics sont constantes (le site officiel de la série présente du graphic novel), tout en se jouant des codes du genre pour axer la trame principale autour d'autres styles narratifs dont la comédie dramatique (et parfois décalée). Les acteurs sont convaincants, leurs personnages parviennent à capter l'auditoire et la découverte progressive de leurs talents respectifs est accrocheuse. Mais encore une fois, les producteurs ont cru bon d’étaler l’intrigue sur 22 épisodes, avec pour conséquence, une première saison qui tombe dans la facilité de faire durer les mystères en longueurs inutiles et soporifiques. A l’instar des reproches que nous avions fait pour Prison Break saison 2, par exemple, 50% des chapitres manquent de dynamisme, ne recèlent que peu d’intérêt. Et si Heroes trouve la couleur de sa personnalité, parvient largement à faire oublier ses 4400 (et des poussières) autres prédécesseurs, l’ensemble et son dénouement fait à la va-vite sont d’un convenu à toutes épreuves.

Visuels © 2006 NBC Universal

NB : les premiers épisodes sont légalement et gratuitement disponibles sur le site officiel de Heroes.