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Plaignez vous, râleurs de Français !
C'est vrai que notre télévision ne nous gâte pas très souvent. Lofts, émissions musicales à deux sous, parfois même les deux éléments combinés (loft ou château, quelle différence ?)... La télé réalité a trouvé sa place en France, et elle fait désormais parti du paysage... Que dis-je ? Du patrimoine audiovisuel... En jetant un oeil sur certaines émissions proposées par TF1 ou M6, on se dit qu'on a touché le fond... C'est mal regarder ce qui se fait ailleurs.

C'est à croire que la télé réalité est un puits en constants travaux. On croyait le fond touché, finalement il se situe, à peine quelques mois plus tard, à dix mètres encore plus en profondeur. Il faut le savoir, les anglo-saxons sont à un stade d'absurdité télévisuelle bien plus avancé que nous, pauvres français. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les émissions de certaines chaînes de la TNT, comme Europe 2 TV, qui se font pourvoyeuses d'excréments télévisuels états-uniens en tout genre.

Depuis quelques années a émergé le concept d'industrialisation des rapports amoureux, via les nouvelles technologies. Plus besoin de taper « 3615 code Frifri » sur votre vieux minitel. Aujourd'hui, vous pouvez faire votre marché sur le net, en live et en couleurs. Vous la voulez blonde ? Brune ? Fumeuse ? Avec de gros seins ? Tout est possible, avec le moteur de recherche Meetic. Autre concept équivalent mais non virtuel, le « speed dating ». Deux minutes, pas plus, passées avec chacune des dix filles présentes, et à vous de décider, ensuite, avec laquelle d'entre elle vous souhaitez repartir. Prostitution ? Non, supermarché. Aujourd'hui, le monde bouge vite, et il est important de sélectionner une fille aussi vite que l'on détecte le pack de yaourt le moins cher au rayon frais.

C'est pour épouser ce concept, ô combien élégant et désespéré, du speed-dating, que les concepteurs de Next ont réalisé leur fameuse... « série de télé réalité ». Un bus, avec à l'intérieur une bande de prétendants (« The daters »), se rend à un endroit où attend un(e) « courtisé(e) ». Les uns après les autres, nos « candidats » vont se succéder auprès de la belle ou du beau, afin de tenter de lui plaire. Si la tronche du prétendant ne revient pas au courtisé, celui-ci s'exclame « Next ! »... Et ça arrive parfois au bout d'une ou deux secondes.

La bonne vieille recette de l'humiliation : le coup classique. Rien de tel qu'un bon gros râteau devant la caméra pour exacerber les fiertés et faire glousser les téléspectateurs. Se succèdent des individus, tous aussi stéréotypés et crétins les uns que les autres. Réaliser le casting de Next ne doit pas être un job compliqué. La recette varie peu, avec toujours les mêmes ingrédients : le dragueur à deux balles, le bourrin, le moche, l'efféminé... Et, comme le concept s'essouffle assez vite, on trouve des variantes : Next hétéro, Next lesbiennes, Next gay... Avec, d'épisode en épisode, toujours plus de personnages et dialogues vulgaires et stupides. Après avoir passé dix ou quinze minutes à tenter de dragouiller son voisin avec la finesse d'un adolescent en sueur, et après s'être fait jeté, et par là même humilié, les répliques fusent dans la bouche des "candidats" :
- De toute façon, t'es moche.
- Ouais bah j'aime pas les grosses
- Connard !
De la poésie, on vous dit.

Les plus grands moments de ridicule sont très certainement ceux des présentations. A chaque épisode, les prétendants et le (ou la) courtisé(e) introduisent en quelques mots... l'étendue de leur personnalité. « Bonjour, je m'appelle John, et je préfère mes cheveux à ma mère ». « Craig, j'ai 24 ans et je fais de l'athlétisme. Donc, je suis prêt à sauter ce mec, comme une haie ». La classe, qu'on vous dit.

Alors, c'est certain, si vous savez avoir du recul sur la télé réalité, et rire des immondices tout en les critiquant, le tout en groupe (c'est encore mieux), ça peut vous plaire... le temps de quelques épisodes. Reste à espérer que les chaînes du PAF restent hermétiques à des émissions pareilles encore quelques années... Allez, on prend les paris ? Next sur TF1, c'est pour quand ? Cinq ans ? Deux ans ? ... Six mois ?