7/10Point Pleasant, entre le bien et le mal

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 01/04/2006
Notre verdict : 7/10 - Entre le bien et le mal (Fiche technique)

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Dans l'état du New Jersey, Point Pleasant représente la ville tranquille par excellence. Les familles y vivent le parfait American dream. Les maisons spacieuses sont habitées par des individus aux corps bronzés, la richesse s'étale des voitures aux demeures et le soleil semble ne jamais vouloir se coucher. Un beau jour, Christina Nickson (Elisabeth Harnois), une belle adolescente, est rescapée des eaux par Jesse Parker (Samuel Page), un jeune sauveteur. Dès lors, d'étranges événements se produisent. Christina, gracieusement accueillie par la famille Kramer, serait l'enfant des ténèbres...

Créé par Marti Noxon (productrice d'Angel et de Buffy Contre Les Vampires) et John McLaughlin (scénariste sur Carnivàle), Point Pleasant est un programme hybride, entre la comédie, le fantastique, l'horreur et le soap. Un mélange plus ou moins réussi de Buffy, Carrie, La MalédictionL'Exorciste, Melrose Place et The O.C.

Il faut bien trois épisodes pour commencer à vraiment entrer dans la série. Les premiers épisodes ont du mal à convaincre avec un scénario de base difficile à avaler (la fille du diable cherche à définir son identité dans une petite ville des Etats-Unis...) et des effets énervants (flash-back répétitifs incessants, signes ridicules de manifestation du mal). Néanmoins, à partir du troisième épisode, les scénaristes parviennent à instaurer une atmosphère plus sombre, où le mystique rencontre les manipulations et les trahisons. Dans ce côté obscur, le personnage de Lucas Boyd, démoniaque par excellence, donne un intérêt considérable à la série. Grant Show (Jack Hanson dans Melrose Place) y expose un talent particulier avec son jeu tout en piques bien senties et en airs de pourriture finie. En perpétuelle oscillation entre les différents genres qu'elle propose, Point Pleasant se trouve une constante dans le jeu souvent limite de ses acteurs. Ils révèlent quasiment tous les failles des caractères de leurs personnages. Perdus dans la complexité des réactions qu'ils doivent jouer, ils manquent malheureusement de crédibilité.

En présentant des histoires amicales et amoureuses entre jeunes particulièrement séduisants, Point Pleasant est indéniablement une série agréable pour les adolescents. Cameron Richardson et Aubrey Dollar y sont de belles matières à fantasmes. Avec sa réalisation léchée (nombreux plans larges, travellings et une superbe photographie), le programme constitue un grand plaisir pour les yeux. Les accidents de véhicules, explosions et autres feus raviront les amateurs d'action. Les excès d'humeur de Christina rappellent clairement le Carrie de Brian De Palma. La musique du générique, signée Danny Elfman, ravira les amateurs du compositeur fétiche de Tim Burton. Côté sociologique, Point Pleasant offre une réflexion classique sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte. En luttant entre l'ombre et la lumière qui s'entrechoquent dans son corps et son esprit, Christina représente une jeunesse en quête d'identité. Tiraillée entre les soirées, la famille, son passé et son avenir, elle ne parvient pas à se trouver. Intelligemment, les créateurs ont choisi de faire de ces troubles une généralité au sein de tous les autres personnages. Ainsi, les adultes se questionnent sur leur foi chrétienne, leur fidélité, leur sexualité ou encore l'éducation qu'ils doivent donner à leurs enfants. Si la série part le plus souvent dans le fantastique, elle propose aussi des moments d'horreur séduisants avec le personnage de Meg Kramer (Susan Walters) qui voit les morts. Arrivés aux deux derniers épisodes, on regrette que l'apocalypse annoncée avec tant d'insistance depuis le début soit décevante. La fureur de l'héroïne manque alors de cruauté et de violence. Toutes les montées de tension perdent de leur intérêt et l'on tombe presque dans le ridicule complet.

En 2005, Point Pleasant a fait partie des séries que la Fox a décidé d'arrêter prématurément. Sur 13 épisodes produits, seuls 8 ont été diffusés. Malgré un semblant de conclusion, Point Pleasant se termine avec un treizième épisode annonciateur d'une saison 2 qui ne verra jamais le jour.