Supernatural - Saison 4
Séries & TV / Critique - écrit par riffhifi, le 02/07/2009 (Tags : episode dean saison sam castiel supernatural winchester
Sam et Dean deviennent les pions d'une bataille rangée entre les démons et les anges. Manichéen ? Pas vraiment ! Mais toute sympathique que la série soit, on peut lui trouver un côté ronronnant.
Contient un spoiler de la saison 3
Au bout de trois ans de chasse aux démons, on pensait que la série créée par Eric Kripke avait vidé toutes ses cartouches, dressant un inventaire assez complet des mythes et légendes associés aux hantages et autres possessions. Et on se demandait bien sur quoi allait déboucher ce cliffhanger, assez haletant il est vrai, qui montrait Dean envoyé en enfer pour y subir une éternité de douleur. Contre toute attente, cette quatrième saison parvient non seulement à donner une suite convaincante, mais surtout à s'articuler d'une façon bien plus construite que les précédentes, révélant au fil des épisodes une histoire cohérente qui dépasse le cadre du voyage aléatoire des frères Winchester.
Drag me to hell
On s'en doute, Dean ne met que quelques minutes à quitter l'Enfer pour retrouver Sam. Quelques minutes pour le spectateur, quelques mois pour Sam, quelques années pour Dean. Le sujet sera exploré, une fois que la lumière sera faite sur les
Castiel, un serviteur zélé de Dieucirconstances de cette libération : l'ange Castiel (Misha Collins, moins d'expressions faciales que Ben Affleck) a reçu pour mission de le protéger pour une raison un peu obscure... Sam et Dean ont du mal à avaler l'existence des anges, qu'ils n'ont encore jamais croisé malgré leur fréquentation assidue de leurs contrepoints démoniaques. Creusant le sillon dessiné par les précédentes saisons, celle-ci se fait un plaisir de titiller les notions de Bien et de Mal, remettant perpétuellement en question les motivations et les actions des uns et des autres : les démons sont-ils tous d'irrécupérables salopards ? les anges sont-ils dépositaires de la morale et du bon droit, ou se contentent-ils d'appliquer les ordres d'une hiérarchie complexe et désincarnée ? Dieu est-il mort ? En parallèle de ces interrogations, les frangins doivent faire face à la menace de Lilith, qui a entrepris de briser 66 sceaux dans le but de libérer Lucifer de sa prison séculaire. Mais comment l'arrêter ? Sam a-t-il le droit de se servir de ses pouvoirs, ou doit-il lutter contre cette part démoniaque de lui ? Dean est-il sorti indemne de son séjour en enfer ?... Leur tâche sera d'autant plus ardue que Lilith n'est pas le seul démon en vadrouille : Alastair et Azazel promènent eux aussi leurs patronymes incongrus de corps en corps...
En marge des épisodes retraçant l'intrigue principale, Supernatural parvient à conserver le côté "road-trip rock'n'roll" qui faisait le charme des débuts, bien qu'il soit de plus en plus difficile de comprendre la décontraction de Sam et Dean étant donnée la gravité de leurs expériences en cours... On appréciera notamment la présence de Ted Raimi dans un épisode, et les fans du Rocky Horror Picture Show (et ceux de Spin City, mais on se demande davantage ce qu'ils font ici)
auront le plaisir de revoir la frimousse de Barry Bostwick (oh Brad !) en prestidigitateur sur le retour. On notera également que certains des meilleurs épisodes sont également ceux qui donnent le plus l'impression d'avoir déjà été vus quelque part : l'hommage aux classiques de l'épouvante (un vampire, une momie, etc.), la fiction qui coexiste avec la réalité (c'est le scénario de L'incroyable destin de Harold Crick, mais le même sujet se retrouve dans la saison 5 de Sliders, et avant cela dans la saison 7 de Star Trek Deep Space Nine)... Mais après tout, la série n'a jamais caché ses sources, et ne se prive toujours pas d'émailler ses dialogues d'allusions cinématographiques directes comme autant de clins d'œil et de références.
La reprise la plus évidente est celle du troisième épisode, In the Beginning, qui rappelle de façon directe Retour vers le futur : Dean y rencontre son père lorsqu'il avait son âge, et fait la connaissance de son grand-père, interprété par Mitch Pileggi (pour ceux qui auraient oublié ce que Supernatural doit à X-Files). L'explorations des racines des personnages se poursuit avec After School Special, ponctué de flash-backs qui décrivent la scolarité forcément chaotique de Sam.
Prenant les choses en main en réalisant lui-même le très efficace dernier épisode (il en avait déjà réalisé un dans la saison 2), Eric Kripke annonce une cinquième saison apocalyptique, qui devrait être la dernière. On connaît la rengaine : la chaîne CW résistera-t-elle à la tentation de rallonger la sauce ?...