7/10Legend of the Seeker : l'épée de vérité - Saison 1

/ Critique - écrit par Nicolas, le 01/12/2010
Notre verdict : 7/10 - It's gonna be legend... wait for it... (Fiche technique)

Tags : seeker epee legend saison verite episode richard

La Fantasy revient sur le devant de la scène, dans son expression la plus connue. Néanmoins, la qualité du casting principal et la bonne volonté constante sont des raisons suffisantes d'apprécier et de suivre les aventures du sourcier de vérité et sa compagnie.

Il y a maintenant bien longtemps qu'une véritable série d'heroic fantasy n'était pas venue poindre le bout de son épée. En France, les deux représentants les plus notables auront certainement été Hercule et Xena, chacun d'eux ayant atteint six saisons, mais depuis 2001 (année d'arrêt de Xena), aucune série ne s'est notablement fait remarquée dans la catégorie. En 2008, Legend of the Seeker entendait bien occuper la place vacante à lui seul, mais son règne ne dura pas plus de deux saisons, faute de financement. Et ce n'est pour autant que la série manquait de qualités, loin de là.


Commençons par rappeler que Legend of the Seeker est avant tout une série littéraire de onze tomes, traduite en France sous le titre L'Epée de vérité, et écrite par Terry Goodkind. Le premier livre, appelé Wizard's First Rule (La première leçon du sorcier en français) date de 1994, tandis que Confessor (L'ombre d'une inquisitrice), le dernier volet, est paru en 2007. En France, la maison d'édition Bragelonne édite quasiment un volume par an depuis 2003, prévoyant de finir cette grande saga héroïque en mars 2011.
Si la série se vend convenablement outre-atlantique, le succès est plus mitigé en France. On reproche volontiers à l'œuvre de Terry Goodkind son grand manque d'originalité et le vide récurrent de ses intrigues. Et il est vrai que L'Epée de vérité fonctionne plus ou moins comme un hommage quasi-constant à l'heroic fantasy, ne proposant que de simplistes schémas bien connus des amateurs du genre. Il n'y a donc pas de révolution à attendre de la série télévisée, et je vous conseille de passer votre chemin si l'heroic fantasy ne vous sied guère.

Richard Cypher (Craig Horner)
Richard Cypher (Craig Horner)
Vous êtes restés ? Bien, nous pouvons passer aux choses sérieuses. La première saison suit grosso modo la ligne directrice du tome La première leçon du sorcier, cumulant les écarts narratifs de toutes sortes pour pouvoir offrir un show constant et durable - il faut tout de même tenir 22 épisodes ! Mais l'essentiel est là : il y a un élu, une prophétie, une épée magique, un vilain vraiment très très vilain, un précepteur, et de la donzelle en détresse à la pelle. Quand on vous disait que Legend of the Seeker n'inventait rien, c'était bien évidemment un euphémisme, chacune des idées apportées par la série a été vue à la télévision dix ou vingt fois, sous différentes époques et sous différentes formes. Vous me croyez si je vous dis que le héros a été enlevé au berceau pour être emmené dans une famille d'accueil, afin d'être protégé puis instruit ? Le double pilote (E01 - La Prophétie et E02 - Le destin) est une grande succession d'évènements et de révélations de ce genre.
Mais nous sommes sur le terrain de la Fantasy ! Cela n'excuse évidemment pas tout, mais ce type de facilités scénaristiques appartient à un genre très précis recherché par de nombreux adeptes. A une époque où le cinéma et la télévision recherchent les anti-héros de tout poil et les univers ambigus, il n'est pas désagréable de se planter devant une série qui s'assume en tant que divertissement un peu rétro, où le bien lutte âprement contre le mal, où chaque héros déploie un degré de vertu proprement stupéfiant, et où la bonté et l'abnégation parviennent à vaincre tous les obstacles.

Kahlan Amnell (Briget Regan)
Kahlan Amnell (Briget Regan)
Ce manichéisme ambiant devient particulièrement représentatif lorsque l'on se prend à décrire les personnages. Le héros, Richard Cypher, est un jeune homme bien sous tous rapports, beau, très athlétique, et d'un sens du devoir inébranlable ; sa compagne inquisitrice est belle, très athlétique, et d'un sens du devoir inébranlable ; et il n'y a bien que le sorcier les accompagnant pour défaire un peu ce schéma type : pas spécialement beau, pas très athlétique, mais son sens du devoir se porte bien, merci. Quant à l'ennemi, Darken Rahl, son ambition avouée est de commander au monde entier, n'hésitant pas à imaginer toutes les plus belles entourloupes pour arriver à ses fins, et surtout les moins recommandables. Il n'y a donc pas grand chose à attendre de ce côté là, chaque protagoniste suivra sa voie dans le plus pur respect de l'équilibre entre le bien et le mal.
Terry Goodkind peut toutefois être content, le casting a fait l'objet d'une étude très particulière, à moins qu'il ne s'agisse de chance tout simplement. Le trio de héros de Legend of the Seeker semble tout droit sorti de ses écrits, alliant l'apparence physique de personnages de Fantasy et qualités d'acteurs. Craig Horner, dans le rôle de Richard Cypher, a beau aimer se promener le torse nu (admirez-moi ces élégantes tablettes de chocolat), son interprétation est passionnée, volontaire, et souvent très juste. Sa maîtrise de l'épée permet à la série de présenter quelques jolies scènes de combat, assez violentes sans être sanguinolentes. Sa partenaire, Bridget Regan, manie également bien le couteau, mais ce sont sa beauté, ses yeux bleus, et la douceur de son visage qui donnent vie au personnage de Kahlan Amnell. Et pour chapeauter ce jeune couple de héros, quoi de mieux qu'un vénérable sorcier ? Bruce Spence prête ses traits à Zeddicus et son excentricité. Son physique particulier et sa voix caverneuse en font un magicien de belle apparence.

Zeddicus Zul'Zorander (Bruce Spence)
Zeddicus Zul'Zorander (Bruce Spence)
Ceux qui ont lu le livre doivent s'attendre à une succession de chocs : les scénaristes ont modifié quantité de petites choses pour servir leur intrigue, et proposer une saison de 22 épisodes. Comme c'est souvent le cas, une grosse partie présentent de petites intrigues secondaires qui ne servent qu'à occuper les héros le temps de se remettre sur les rails de leur grande quête principale : tuer Darken Rahl. Il y a certains moments où nous ne savons même plus ce qu'ils font vraiment, la série étant assez floue sur les éléments géographiques et temporels. Pour résumer, disons que quelqu'un qui ne souhaite assister qu'aux évènements principaux, ceux présentes dans le livre, pourra se contenter que de quelques épisodes, mais c'est en suivant assidûment la série que l'on se prend d'amitié avec les héros et que l'on apprécie la série.
C'est au travers de quelques épisodes que Legend of the Seeker nous révèle son potentiel. Le cinquième épisode a beau être assez moyen (E05 - le télépathe), il présente quelques traits d'humour et met à plat quelques informations importantes ; l'épisode le plus noir de la saison (E08 - Les Mord'Sith) tranche avec tout le reste, plus violent et plus subtil que le reste de la série ; Une poignée d'épisodes se centre sur un seul personnage (notamment E09 - le Marionnettiste), semble partir sur de mauvaises bases, pour finalement surprendre par sa qualité. Au fil du temps, on finit par transformer notre tolérance en appréciation, désireux de savoir comment la prophétie va s'accomplir, simplement content de regarder un épisode et de se détendre devant.

La Fantasy n'a qu'à se trouver un bout de forêt pour exister, même Peter Jackson l'a compris. Legend of the Seeker s'envole donc vers la magnifique Nouvelle-Zélande pour y tourner ses scènes d'extérieur, et nous offre donc de splendides paysages très plausibles pour une série fantastique. Costumes et autres décors ne sont guères sur la touche non plus, la population a beau être trop propre pour être crédible, l'environnement et la garde-robe leur confère un surplus de crédibilité.
Réalisation très convenable également, la série est bien filmée, assez rythmée, se dote d'une palette d'effets spéciaux très réussis si l'on exclue quelques modélisations hasardeuses. Les combats à l'épée, très récurrents, se ressemblent un peu tous, mais ont fait l'objet d'un travail particulier de la part des acteurs. Le montage décide d'user et d'abuser des ralentis esthétiques, il y en a beaucoup et sont parfois plutôt indigestes - mais ils donnent à ces affrontements une certaine saveur épique pas désagréable.

Legend of the Seeker semble être sorti d'un autre âge, très conventionnel (pour ça, le livre est à blâmer, pas la série), très manichéen, et d'une qualité d'écriture très moyenne. Pourtant, en quelques épisodes, la série nous gagne à sa cause en tant que divertissement pur et dur, et l'on se prend d‘affection pour Richard, Kahlan, et Zedd. Peut-être leurs physiques avenants et leurs qualités de jeu y sont pour quelque chose ?

Les tablettes de chocolat
Les tablettes de chocolat