24 - Saison 5
Séries & TV / Critique - écrit par JC, le 01/06/2006 (Tags : jack president saison logan chrono bauer episode
Démarrage radical, déroulement pied au plancher, final en feu d'artifice, cette saison 5 s'est affirmée comme l'une des meilleures.
Les jours se suivent et se ressemblent pour l'agent anti-terroriste Jack Bauer : toujours une menace sur Los Angeles. A sa place, on demanderait une mutation vite fait. Mais bon, si c'est galère pour lui, pour nous téléspectateurs c'est un régal. Alors ne boudons pas notre plaisir avec cette cinquième saison de 24.
Une journée en enfer
Fallait pas l'énerver (© Fox)Après une saison 4 franchement caricaturale, Jack Bauer est de retour. Rappel : à la fin de ce jour numéro quatre, Jack sauvait la Cité des Anges d'une frappe nucléaire et se faisait passer pour mort après avoir provoqué le décès d'un diplomate chinois.
Incohérente, brouillonne, ratée en un mot, cette saison avait déçu un grand nombre de fans de la première heure et c'est avec fébrilité et suspicion que la saison 5 était attendue.
Les scénaristes ont apparement entendu les critiques liées au peu de cohérence de la saison précédente. Cette fois l'intrigue est calée, unique, sans éparpillement. Des terroristes russes ont décidé de faire capoter un accord bilatéral Etats-Unis/Ex-URSS en volant de containers de gaz neurotoxique. Face à ça, Jack Bauer est obligé de sortir de sa retraite. S'en suit une nouvelle course contre la montre avec son lot de manipulations et de traîtrises. La grosse et bonne ligne directrice de la série.
On s'en tiendra là car spoiler tue l'intérêt d'une série basée sur le suspense et les rebondissements telle que 24.
A better tomorrow
D'emblée, sachez que l'attente est comblée. Par rapport à la saison 4, celle-ci est bien meilleure. Le premier épisode de ce Day 5 rassemble dans ses 15 premières minutes autant de drames qu'un double "season finale" entier. Vous n'y croyez pas ? Just watch it.
Jack retrouve sa douce Audrey (© Fox)Face à la détresse des situations exposées, les personnages réguliers gagnent en épaisseur à l'image de Chloé O'Brian mais aussi Audrey Raines, Bill Buchanan et Aaron Pierce. La distribution est renforcée par des guests de choix, les quatre plus importantes sont Sean Austin (héros des Goonies), Peter Weller (Robocop himself), Ray Wise (Leland Palmer dans Twin Peaks) et Paul McCrane (Dr. Romano dans Urgences).
La musique se fait également plus présente et mieux sentie par rapport aux saisons précédentes. Les thèmes composées par Sean Callery portent diaboliquement l'action à l'écran.
Concernant la réalisation, la série s'en tient à sa ligne de conduite habituelle en la matière en faisant de Los Angeles une ville fantôme aux larges artères, sans vie, propice à la tension et par son jeu sur l'opposition entre les couleurs froides (l'univers de la Cellule Anti-Terroriste) et couleurs chaudes (partout ailleurs) lors des split-screens. On distinguera le double épisode de clôture pour ses plans plus léchés qu'à l'accoutumé.
Narrativement, on se posera la question des préceptes enseignés dans les formations pour scénaristes. Sincèrement, pensent-ils que le téléspectateur est si peu maître de sa gestion du stress qu'il faille asséner des passages dispensables soi-disant comiques ou romantiques ? Ce genre de procédé ne fait que perdre la tension qui fait de 24, bah 24. Vraiment dommage.
D'autant que les gens au script maîtrisent leur sujet. Dans cette saison par la densité de l'intrigue, et généralement pour leur écriture du suspense sciant le ventre.
Une maîtrise du "twist" (retournement de situation) qui n'est pas sans poser quelques soucis techniques aux habitués, d'ailleurs. Par exemple, en sachant que le climax aura lieu en fin d'épisode, juste avant l'horloge, tout moment fort potentiel arrivant "trop tôt" peut être attendu comme un futur coup d'épée dans l'eau.
Demain ne meurt jamais
Jack Bauer à l'arrêt (© Fox)Malgré la qualité de cette saison, il sera compréhensible que certains soient encore déçus par 24. La vente de la série aux téléspecateurs par le qualificatif "temps réel" peut faire penser que son cahier des charges la mène à une obligation de respect de la réalité. Or pas du tout. D'ailleurs, par définition rien n'oblige une fiction à être réaliste mordicus.
24 est le plus gros canular de l'histoire de la télé en terme d'authenticité. D'où l'adoration des fans capables de lâcher la prise du réalisme pour embrasser un tourbillon d'action tellement incroyable et si fou. Chaque saison, les lignes de force sont grosso modo les mêmes, et cette saison 5 n'y échappe pas : Jack doit bosser contre sa hiérarchie, Jack doit sauver sa belle, Jack doit torturer des gens. Et les même questions reviennent à l'image de "dans la cuisse de qui Jack Bauer va-t-il tirer ?".
Jack Bauer doit être pris pour ce qu'il est : un avatar des luttes du moment comme l'était un autre JB célèbre, James Bond. Pas réaliste pour un sou, ceux qui pensent que c'est ainsi que le Royaume-Uni prévenait et répondait à la menace du Bloc de l'Est doivent se poser des questions quant à leur santé mentale.
A nouvelle ère, nouvelles menaces, nouveaux besoins de la part des spectateurs, nouveaux héros avec nouvelles méthodes. Les gadgets de Jack Bauer, ce sont ses moyens de torture et son portable à batterie illimité qui capte partout, son Q (sic) Chloe O'Brian, son QG du MI:6, la Cellule Anti-Terroriste, Ira Gaines, Habib Marwan, Sayed Ali, Stephen Saunders, etc. sont ses grands méchants. Enfin il a ses Jack Bauer girls. Chaque épisode de James Bond fonctionne sur les mêmes bases, idem pour 24.
Il ne faut voir en cette série qu'un divertissement à suspense. Et bien mortel pour la saison 5.
Le jour le plus bon
Pour conclure, la saison 5 est peut-être la meilleure de la série. Intrigue maîtrisée, situations dramatiques extrêmes (notamment un épisode huit-clos étouffant), suspense en forme de grand huit, personnages profonds et charismatiques. C'est excellent, foi de fan.
Cerise sur la pièce montée, ce cinquième jour se termine en apothéose. On se gardera de révéler cette fin qui simplement estomaquera.
A janvier 2007 pour une sixième saison, Monsieur Bauer. Avec impatience.