Lost - Saison 2
Séries & TV / Critique - écrit par Vincent.L, le 02/06/2006 (Tags : episode jack saison locke lost michael desmond
La saison 2 de Lost vient de s'achever sur la chaîne américaine ABC. Cette deuxième saison de vingt-quatre épisodes est celle de toutes les surprises. La première, après une poignée d'épisodes ébouriffants en début de saison, est de constater que les scénaristes sont capables de s'égarer extrêmement loin dans leurs histoires, allant ainsi jusqu'à décevoir un certain nombre de leurs spectateurs pendant plus de dix épisodes. La seconde est de se surprendre à commencer à détester systématiquement les scènes de flash-backs. La troisième est de s'apercevoir qu'en fin de saison, le « bébé » de J.J. Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber se termine en fanfare, dans un intérêt mystérieux rarement atteint par la série.
Solution de facilité ou ambition démesurée, le rajout d'une bonne dizaine de personnages est à double tranchant. D'un côté, cela permet un renouveau scénaristique et d'un autre, le spectateur est trimbalé dans une profusion d'histoires plus ou moins pertinentes. Certains personnages de la première saison, tels Charlie, Claire et Shannon, sont clairement laissés en arrière et affichent une utilité plus qu'incertaine. Autre contrepartie de ces choix d'écriture, les héros (Jack, Kate, Locke, Sawyer et Sayid) sont omniprésents. Ceux qui ont déjà éprouvé des difficultés avec l'héroïque Jack l'auront ici en horreur. Bonne surprise, la personne d'Hurley gagne en puissance. En décalage avec les autres, il apporte humour et douceur.
Contrairement à la première saison, la seconde propose plusieurs flash-backs pour certains personnages principaux. Sans surprise, ceux de Jack, Hurley, Locke et Sawyer sont les plus riches en découvertes et attraits pour la trame principale. Ceux de Jin et Sun n'apportent plus aucun charme. Autre élément nouveau, le ridicule fait une apparition remarquée dans cette deuxième saison de Lost. En tête, Michael et son obsession pour son fils Walt. Pour rire, on pourrait s'amuser à compter le nombre de fois dans la saison où il répète les phrases «rendez-moi mon fils !» et «je veux mon fils !». La saison a ici trouvé son gag à répétition.
Cette saison voit aussi l'arrivée d'un personnage insupportable, Ana-Lucia Cortez, interprété par Michelle Rodriguez. Bornée, violente et remplie d'expressions faciales prétentieuses, elle irrite au plus haut point. Les autres nouveaux personnages, Mr. Eko et Libby, fournissent leur lot d'étrangetés qui s'additionnent avec l'extravagance des vies de l'ensemble.
Que l'on se rassure, si la deuxième saison de Lost se perd pendant une bonne moitié de ses épisodes dans des histoires franchement lentes qui multiplient à l'infini les pistes d'explication de l'île et des "autres", la fin de saison est un délice de réussite. Avec un grand talent, les scénaristes jouent avec nos nerfs, proposent des renseignements qui instaurent des doutes et mettent en scène des surprises très bien pensées. Malins, les scénaristes explorent, sans jamais les achever, des chemins d'éclaircissement que le spectateur lambda a pu avoir à l'esprit au cour de ses visionnages d'épisodes : l'expérience militaro scientifique, la folie générale, la mort, le mystique complet... Comme dans la première saison, aucune réponse n'est vraiment apportée. Le spectateur, s'il a des éléments pour se triturer les méninges, reste dans le trouble. Et c'est bien là que réside la force de la série. Le spectateur se pose constamment des questions, ressent de la haine pour certains personnages, s'attache à d'autres, pense tout savoir sur l'île puis ne plus rien savoir du tout sur quoi que ce soit. Superbe individu perturbant, l'inquiétant Henry Gale n'est pas pour rien dans la qualité de la fin de saison. Il est un paroxysme de contradictions riches en interrogations. Plus choquante, la saison 2 de Lost est sans pitié pour ses personnages. S'attacher à un individu est souvent synonyme de grosse stupéfaction quant à son sort.
Lost sera de retour dès la rentrée sur ABC pour une troisième saison qui s'annonce déjà apocalyptique. La série reviendra pour sept épisodes dès septembre, puis fera un arrêt jusqu'à fin janvier 2007, afin de pouvoir continuer avec une diffusion continue d'environ 15 épisodes jusqu'en mai. Les producteurs exécutifs et scénaristes de la série ont déclaré qu'ils étaient très impatients de pouvoir réaliser cette troisième saison autour de cette nouvelle grille de diffusion, qui leur permettra selon eux, de «vraiment bien gérer le déroulement temporel de l'histoire». Désormais, la vraie question est : combien de temps les scénaristes et producteurs de la série vont-ils pouvoir tenir les spectateurs en haleine ? Avec les gros temps morts montrés en début de saison 2, on ne peut encore que répéter qu'il ne faudrait pas dépasser les trois saisons. L'argent en décidera sûrement autrement...