Smallville - Saisons 1 à 6
Séries & TV / Critique - écrit par riffhifi, le 19/07/2007 (Tags : clark smallville saison dvd lex episode lana
Critique des saisons 1 à 6
Souvent moquée pour son côté jeune et cool, la série Smallville poursuit depuis six ans un petit bonhomme de chemin qui se révèle bien plus intéressant que sa réputation. L'approche des premières saisons, originale mais simpliste, laisse progressivement la place à une relecture passionnante de l'histoire de Superman, truffée d'hommages et de clins d'œil aux adaptations précédentes. A la vue de l'ensemble des six premières saisons, on comprend que le Superman returns de 2006 ait remporté un bide relatif auprès des fans du personnage.
Années 80. Une pluie de météorites s'abat sur la petite ville de Smallville, Kansas. Pour Lex, le très jeune fils de l'industriel Lionel Luthor, c'est l'occasion de perdre ses cheveux. En revanche, pour John et Martha Kent, un couple de fermiers, les météorites ont apporté un cadeau : un enfant venu d'ailleurs, qu'ils appelleront Clark. La suite, tout le monde la connaît : le bambin vient de Krypton, il s'appelle Kal-El et il est destiné à devenir Superman, gnagnagna. La série ambitionne de réinventer les années durant lesquelles Clark n'est pas encore Superman. Quitte à faire quelques entorses au matériau d'origine.
Attention ! La critique saison par saison peut nuire à l'effet de surprise ...
Saison 1Saisons 1 et 2 (2001-2003) : Ados lassants
Aussi inventif que soit le concept de la série, à laquelle on pardonnera ses écarts manifestes par rapport à la bande dessinée (Clark et Lex se connaissent dès l'adolescence ? Lana Lang est brune et pas rousse ?), on peut difficilement nier le caractère poussif et redondant de ses deux premières saisons. Les épisodes se suivent et se ressemblent, selon une formule quasiment immuable : un jeune, irradié quinze ans plus tôt par les météorites radioactives, se découvre des pouvoirs ; il sera stoppé par Clark, non sans mal car ledit jeune est plus ou moins farci de kryptonite (le seul élément, comme on sait, qui affecte le baby Superman). L'épisode est généralement garni de scènes mièvres entre Clark et Lana (ou Chloé, ce personnage totalement inutile qui survit aujourd'hui encore dans la série), ou de scènes d'amitié virile avec Pete, un autre personnage très inutile qui aura le bon goût de disparaître par la suite, le tout arrosé de chansons à la mode (généralement le tube que vous avez déjà entendu quatorze fois à la radio dans la journée).
Dans ces conditions, que reste-t-il à apprécier ? L'embryon des relations entre Clark et Lex, qui sont amis bien qu'on les sache condamnés à s'opposer dans l'avenir ; la présence de Annette O'Toole (interprète de Lana Lang dans Superman III) dans le rôle de Martha Kent, premier hommage d'une longue liste ménagée par les auteurs Alfred Gough et Miles Millar ; et surtout, dans le 17ème épisode de la deuxième saison (Rosetta), l'apparition de Christopher Reeve, paralysé mais ayant tenu à apporter son soutien au projet, dans le rôle du Dr Virgil Swann, un scientifique qui apporte à Clark les clés de son identité. Un chant du cygne (littéralement) pour l'acteur qui reprendra ce rôle une fois, avant de mourir en octobre 2004. C'est à partir de cet épisode, traversé de quelques accents du thème musical composé par John Williams en 1978 pour le Superman de Richard Donner, que la série prend véritablement son envol.
Clark Kent (Tom Welling)Saisons 3 à 5 (2003-2006) : Maturation
La troisième saison s'ouvre sur un Clark accroc à la Kryptonite rouge (l'équivalent d'une drogue, qui le rend con et le coupe de ses relations), exilé volontaire à Metropolis où il commet des hold-up dont il dépense le fruit en boîtes de nuits. Pendant ce temps, Lex Luthor, victime d'un crash aérien, se débat avec un fantôme sur une île déserte. Le ton a déjà commencé à virer, et la série se décide à faire évoluer ses personnages, en développant dans chaque saison une histoire globale développée sur 22 épisodes. La saison 3 ne maîtrise pas encore parfaitement cette nouvelle formule, et continue à abuser de l'usage de la kryptonite et de la musique cool. Mais la révolution est en marche : Metropolis devient un décor récurrent, les rapports entre Lex et son père commencent à prendre une réelle importance, et on croise même au détour d'un épisode le personnage de Perry White, futur rédacteur en chef du Daily Planet. L'épisode en question est d'ailleurs réalisé par Jeannot Szwarc, à qui on doit... Supergirl, l'atroce nanar de 1984. Il deviendra par la suite un régulier de la série, réalisant 7 autres épisodes.
Les saisons 4 et 5 continuent brillamment la progression : l'accent est mis désormais sur la mise en parallèle des destins de Clark Kent et Lex Luthor : le premier est à la recherche de ses origines et il affronte régulièrement son véritable père (ou plutôt une émanation de Jor-El, parlant avec la voix de Terence Stamp - interprète de Zod dans Superman II), dont il ne parvient pas à comprendre les desseins ; le deuxième en revanche, ne connaît que trop bien son père et sa soif de pouvoir, et il devient progressivement ce qu'il pensait haïr plus que tout, un sosie de son géniteur. Clark et Lex traversent la période de leur vie où ils doivent commencer à accepter leur identité, définie à la fois par leur identité, par leur éducation et par leur expérience. Ce parallélisme entre Clark et Lex est sans doute le thème le plus intéressant de la série.
Par ailleurs, plusieurs personnages très attendus font leur apparition : Lois Lane, bien que blonde (au point où on en est concernant les couleurs de cheveux...), est un ajout important au casting, et ses relations avec Clark sont autrement plus intéressantes que celles qu'il entretenait avec Lana (désormais jetée dans les bras de Lex). On découvre également Bart Allen, connu des fans sous le nom de Flash, et une version « Smallville » de Aquaman, un membre de la Ligue des Justiciers dans l'univers de la bande dessinée. Leur présence laisse présager, à terme, celle de plusieurs autres super-héros connus. L'épisode 14 de la saison 4 relève même un défi improbable : introduire Krypto, le chien de Superman. La preuve que les auteurs ambitionnent de caser, d'une façon ou d'une autre, tous les éléments liés au personnage, tout en conservant à la série son ton et son intégrité.
Si les saisons 3, 4 et 5 marquent une nette amélioration de la qualité, on doit toutefois admettre que certains thèmes finissent par tourner en rond (les pouvoirs de Clark semblent circuler entre les habitants de la ville aussi facilement qu'un joint en soirée), et que Smallville en tant que décor a largement épuisé ses ressources. Qu'à cela ne tienne, la saison 6 sera délocalisée.
JusticeSaison 6 (2006-2007) : L'explosion
Car cette sixième saison, qui commence par la résolution de l'intrigue centrée sur Zod le criminel de Krypton, mériterait de voir son titre changé en Metropolis, tant l'action y est désormais majoritairement située. Même le générique, qui paraissait cucul dans les premières saisons, est devenu progressivement une décharge d'adrénaline grâce à un montage image enrichi saison après saison.
La mythologie de Superman bat son plein, on arpente fréquemment les couloirs du Daily Planet, et l'on y croise désormais Jimmy Olsen, le photographe. Le spectateur averti se dira d'ailleurs en le voyant : « Mais je le connais, c'est Shawn Ashmore, celui qui joue Iceberg dans la trilogie X-Men ! » Sauf que non, c'est son frère jumeau Aaron. Merci les gars, vous nous simplifiez la vie.
Nouvel ajout à la collection de personnages prestigieux : Oliver Queen, alias Green Arrow, un héros dont la bande dessinée fut remise au goût du jour par Kevin Smith dans les années 90. Ici, sa route croise celle de Clark dès le début de la saison, dans un épisode jouissif qui montre bien que le fan de comics est désormais le client privilégié de Smallville, dont les auteurs ont abandonné l'aspect adolescent qui ne convenait plus tellement à Tom Welling, l'acteur principal qui vient de fêter ses 30 ans...
Dans l'épisode 11, Justice, les membres (potentiels) de la Ligue des Justiciers se trouvent réunis : Clark, Bart Allen, Aquaman, Cyborg et Green Arrow. De la nourriture pour fan, on vous dit.
La saison 6, de très haut vol, s'achève sur un cliffhanger à se bouffer les doigts qui annonce une septième saison du même calibre, conçue pour satisfaire les geeks et rapprocher encore plus la série du moment où elle devra cesser d'exister si elle veut préserver sa démarche d'origine (ne jamais montrer Clark en Superman).