4.5/10Urgences - Saison 15

/ Critique - écrit par riffhifi, le 29/04/2009
Notre verdict : 4.5/10 - « On a fait ce qu’on a pu, mais malgré tous nos efforts… » (Fiche technique)

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Trop peu, trop tard : la toute dernière saison d'Urgences tente de sauver les meubles en multipliant les guests, mais l'âge d'or de la série est passé depuis bien longtemps.

Quinze ans. Urgences aura duré quinze années, de 1994 à 2009. Une bonne partie des spectateurs a décroché au fil du temps : certains à la saison 5, lors du départ de George Clooney ; d'autres à la saison 8, lorsque Mark Greene est mort ; certains ont tenu bon jusqu'à la mort ridicule de Romano en dixième saison, ou même jusqu'au départ de Carter l'année suivante... Mais arrivés en quinzième saison, peu de spectateurs sont des fidèles de la première heure. Les personnages qui s'agitent sur l'écran sont de pâles photocopies de leurs prédécesseurs, qui étaient eux-mêmes des échos des protagonistes d'origine. Ainsi, les réguliers de cette ultime saison affichent les CV suivants : Abby Lockhart est arrivée en saison 6, Greg Pratt en saison 8, Archie Morris, Sam Taggart et Neela Rasgotra en saison 10, Tony Gates en saison 12, Simon Brenner en fin de
"Si les anciens reviennent, moi je me casse !"
saison 14 et Katherine Bansfield fait tout juste son entrée en scène.

« That is one nutty hospital. »
Bill Murray dans Tootsie

Au fil des ans, il est arrivé tant de malheurs aux praticiens de cet hôpital et à leurs familles qu'on finit par se foutre un peu de savoir qui va vivre, mourir ou passer le reste de ses jours handicapé. Tant mieux, car les scénaristes ont sorti la mitraillette et le balai pour clore la série. Première étape : virer la moitié des personnages actuels, avec ou sans ménagement : décès, départ, l'essentiel est de faire de la place. Deuxième étape : convoquer un maximum d' "anciens" pour faire revenir le public de la première heure.

Les épisodes consacrés aux personnages actuels restent les plus nombreux, et se concentrent essentiellement sur les quatre questions suivantes :

  1. Tony et Sam resteront-ils ensemble ?
  2. Archie se trouvera-t-il une gonzesse ?
  3. Neela finira-t-elle avec Lucien le chirurgien-chef, Ray le cul-de-jatte ou Simon le beau gosse (torturé par son passé) ?
  4. Kate (Angela Bassett) résoudra-t-elle son problème de couple basé sur un drame passé ?

On est en plein soap, et la plupart des épisodes flirtent régulièrement avec l'humour involontaire (Archie est le confident privilégié de tous ses collègues, à qui il dispense généreusement sa compassion). Les scénaristes manquent d'idées, et jettent en vrac toutes sortes d'évènements et de rebondissements déjà survenus Urgences - Saison 15
Sept ans après sa mort, Greene est encore vert
par le passé. In extremis, ils casent également dans cette dernière saison un épisode façon "Un jour sans fin", intitulé Dream runner (#12), dans lequel Neela vit plusieurs versions d'une même journée. Toutes les séries des années 90-2000 sont passées par là, il était presque étonnant qu'Urgences n'ait pas sacrifié à la tradition.

On aurait pu craindre que la réunion de famille des anciens soit concentrée exclusivement dans un épisode final en forme de surboum, ce qui n'est heureusement pas le cas. Le premier épisode "spécial come-back" est inespéré, puisqu'on y retrouve Mark Greene et Robert Romano, au cours de plusieurs scènes en flash-back : il s'agit de Heal Thyself (#7), qui se penche sur le cas du Dr Bansfield, la nouvelle chef-dragon (ne bâillez pas, essayez d'oublier que vous avez déjà eu Kerry Weaver, Romano, Anspaugh, ou plus récemment Kevin Moretti...). On y bouffe du pathos par larges cuillérées, ainsi qu'un petit speech introductif de Eriq La Salle qui annonce la mort de Michael Crichton, créateur de la série. Plus intéressant, le quatorzième épisode intitulé A longe, strange trip voit revenir le Dr. Morgenstern (William H. Macy), ainsi que la réalisatrice Mimi Leder derrière la caméra ; absente depuis la saison 2, elle était partie au ciné pour tourner Le pacificateur, Deep impact... et elle prépare actuellement une adaptation de Mandrake le Magicien ; l'épisode montre un patient dont l'âge vénérable lui permet d'avoir connu l'hôpital dans les années 60 : sa vision reflète les lieux tels qu'il les a connus, et donne au scénario un tour intéressant. A partir de l'épisode 16, on sent la fin venir : John Carter himself réintègre les urgences, et devient un personnage quasiment régulier jusqu'à la fin. Deux semaines plus tard, l'épisode Old times écrit et réalisé par John Wells (producteur et pilier de la série depuis le début) représente le vrai moment de revival de la saison, en présentant à la fois John Carter, Peter Benton (Eriq La Salle, déjà revenu quelques semaines plus tôt pour réaliser l'épisode The family man), Doug Ross (George Clooooney) et Carol John et Jerry
John et Jerry
Hathaway dans un scénario qui ne tire pas les cheveux trop fort ; le casting est complété par deux invités de choix : Ernest Borgnine et Susan Sarandon, qui achèvent de donner de la classe à cette histoire de transplantation émouvante.

En revanche, le final de la série déçoit terriblement : conçu comme une réminiscence du pilote (et multipliant les clins d'œil dans ce sens), And in the end est signé du même réalisateur Rod Holcomb (qui n'opérait plus sur la série depuis la saison 5), et dure 90 interminables minutes qui cherchent à retrouver l'esprit des origines ; il est vrai que depuis bon nombre d'années, Urgences était devenu une série de gags et d'action sans grand rapport avec la réalité quotidienne d'un hôpital normal, mais en voulant donner à l'épisode final un goût de réalité, les auteurs ne parviennent qu'à le rendre désespérément ennuyeux et dépourvu de saveur. Les ultimes apparitions des anciens (Carter, Benton, mais aussi Elizabeth Corday, Kerry Weaver et Susan Lewis) ne servent à rien de plus qu'à esquisser une réponse à la question « que sont-ils devenus ? », et le plaisir de revoir enfin un générique entier ne compense pas la déception d'avoir vu la série pourrir sur une demi-douzaine d'années.